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André Comte-Sponville : "Je crains que la peur de la mort l'emporte sur l'amour de la vie"

RCF, le 17 octobre 2020 - Modifié le 27 février 2024
Depuis le début de la pandémie mondiale de Covid-19 et ses conséquences économiques, le mot relance est sur toutes les lèvres. Mais comment la mettre en oeuvre, de manière douce ?
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Le philosophe André Comte-Sponville, qui était l'un des invités de la 26e éditions de "Université homme entreprise" organisé par le CECA,  et qui vient de sortir "Le dictionnaire amoureux de Montaigne" (Plon), estime que ce grand écrivain du XVIème siècle peut nous apprendre beaucoup aujourd'hui, et notamment ce que nous avons traversé depuis plusieurs mois.  

" Le plus libre des esprits libres peut nous enseigner un art de vivre heureux, à peu près heureux, partant de catastrophes. Dans cet époque, où tout le monde se plaint et où tout le monde a peur, rappelons que Montaigne a vécu bien pire. Il a vécu les Guerres de religion avec des dizaines de milliers de morts, il a connu la peste avec un taux de létalité chez les personnes contaminées proche de 100 % quand le taux de létalité de la Covid 19 est de 0,3 % ou 0,5 % . Et pourtant, confronté au pire, il nous apprend que la vie est belle si nous savons l'aimer. Je crains aujourd'hui, que dans l'époque que nous vivons, la peur de la mort l'emporte sur l'amour de la vie !"

Un combat contre la peur

"Nous ne sommes pas en dictature le discours complotiste est évidemment absurde. Ce qui me fait peur, ce n'est pas tant telle ou telle manoeuvre gouvernementale que ce climat de peur qui règne. Il y a une telle demande de protection que beaucoup de Français en demandent toujours plus dans la protection. Il y a une telle aversion au risque aujourd'hui que les gens ne supportent plus le moindre danger alors que plus de 92 % des morts de la Covid-19 ont plus de 65 ans. Je fais partie de ces groupes à risque puisque j'ai 68 ans, mais le père de famille que je suis se dit que c'est formidable, que pour une fois cela ne touche pas nos enfants. Dans presque tous les domaines, leur vie est bien plus difficile. Ce n'est pas une tragédie, ce n'est pas un cauchemar, c'est un problème majeur de santé publique, qu'il faut affronter en tant que telle parce que cette même maladie, collectivement, aurait pu faire 300 000 morts. Mais on peut respecter le confinement, on peut porter le masque sans s'affoler. Mon combat n'est pas un combat contre le confinement ou contre les médecins, c'est un combat contre la peur".

Une prise de conscience 

"Le Covid-19 nous rappelle que nous sommes mortels. Il faut bien-sûr faire tout ce que nous pouvons pour arriver à réguler la pandémie et faire en sorte que nos services d'urgence ne soient pas débordés, mais on ne va quand même pas s'affoler pour une maladie qui est loin d'être la plus grave auxquelles nous sommes confrontés", ajoute l'auteur du "Petit traité des grandes vertus". 

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