« Se mettre la tête en vacances, c’est déjà faire du bien à son moral » : Inès Saint Georges et Frédérique Veyron la Croix
Et si les vacances se préparaient autant dans nos têtes que dans nos valises ? Inès Saint Georges et Frédérique Veyron la Croix, conseillères conjugales au Cabinet Raphaël, nous invitent à repenser ce moment précieux pour le vivre pleinement, en famille, en couple ou en solo.
Vive les vacances ! @ -photo d'illustration de Pexels« Les vacances, on les attend onze mois : pas étonnant qu’on les idéalise »
Vacances idéales, planning parfait, souvenirs "instagrammables", la pression est forte. « Rien qu’y penser, c’est déjà bon pour le moral », rappelle Frédérique Veyron la Croix, soulignant que notre cerveau libère 14% de dopamine en plus quand on anticipe un moment attendu. Mais cette montée d’euphorie peut se transformer en chute si on l'idéalise trop. Le couple est souvent confronté à des attentes divergentes : l’un veut se reposer, l’autre “rentabiliser le temps”. Les désaccords sont inévitables : mer ou montagne, farniente ou randonnée, retrouvailles à quinze ou cocon en petit comité. Inès Saint-Georges conseille alors d’ « équilibrer l’être et le faire », de conjuguer le besoin d’agir avec celui de se poser, sans chercher la perfection.
Et ce travail commence par soi : « Comment je me connecte à moi-même pour ensuite échanger avec les autres ? », interroge Frédérique. Car si le corps lâche dès le premier jour de congé, ce n’est pas un hasard. Fatigue accumulée, rythme chamboulé, vertige du vide : beaucoup se sentent déboussolés en arrivant.
« Personne ne saura à votre place ce dont vous avez besoin »
« En vacances, je change juste d’évier » : cette phrase, entendue en consultation, illustre combien certaines personnes peinent à se déconnecter de leur rôle habituel. La clef ? Identifier ce qui compte vraiment. « Quels sont mes besoins aujourd’hui ? Qu’est-ce qui ne me va plus ? »
Il est aussi essentiel de revisiter nos habitudes, notamment en famille. Ce qui convenait il y a 10 ans ne marche pas forcément aujourd’hui. Parfois, il faut rompre avec le passé pour construire de nouveaux repères. Cela vaut pour les parents, mais aussi pour les familles recomposées, les grands-parents ou les personnes seules, souvent oubliées dans les préparatifs estivaux. « Une grand-mère de choc » qui veut tout concilier finit par exploser en cocotte-minute. Le piège est là : faire plaisir à tout le monde, mais s’oublier. Il faut donc apprendre à dire non, à déléguer, à ne pas culpabiliser si tout n’est pas parfait. Le mot-clé ? Souplesse.
L’enjeu, c’est de penser à soi autant qu’aux autres
Cultiver la gratitude plutôt que la perfection
Rompre avec les modèles imposés, y compris ceux des réseaux sociaux, est un autre défi. Car l’idéal véhiculé par les images parfaites peut être oppressant. « Ce n’est pas grave si je n’ai pas tout coché sur le guide. L’important, c’est la qualité des liens », souligne Inès Saint Georges.
Il s’agit aussi d’accepter les imprévus : un enfant qui change de plan, la pluie, un coup de fatigue. Cela fait partie de la vie, même en vacances. Pour traverser ces moments, mieux vaut avoir préparé le terrain émotionnellement, en famille, en couple, avec soi-même.
Et pour ceux qui passent leur premier été seuls, après un deuil ou une séparation, ou qui ne peuvent partir, il reste la possibilité de créer quelque chose : un stage, une randonnée, une invitation lancée ou reçue. « La créativité demande du temps », rappelle Frédérique. Encore faut-il oser dire sa solitude, demander de l’aide.
Et si on prolongeait la tête en vacances toute l’année ?
Et si le vrai luxe, c’était d’apprendre à prolonger cet état d’esprit au retour ? Une balade improvisée, un déjeuner partagé, un moment en silence… C’est cette “tête en vacances” que nos deux conseillères nous encouragent à cultiver toute l’année. Un défi que chacun peut relever à sa manière — et pourquoi pas, dès maintenant.


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Lætitia de Traversay donne la parole aux hommes et aux femmes qui construisent ce monde, discrètement et passionnément : spécialistes du couple et de la famille, philosophes, formatrices en CNV (Communication Non Violente), des personnes qui osent s'engager et relever des défis, portées par leur foi en Dieu et leur foi en l'Homme.
