
L’amitié est un lien libre, profond, parfois bouleversant. Elle traverse nos vies avec ses joies, ses blessures et ses fidélités. À l’heure où les modèles de vie évoluent, quel rôle joue-t-elle dans notre quotidien ?
On dit souvent que l’amitié est un choix. Libre de tout devoir, elle ne repose sur aucune obligation légale, sociale ou religieuse. Et pourtant, ce lien sans contrat est souvent celui qui engage le plus profondément, qui façonne notre regard sur le monde, qui nous transforme. Qui n’a jamais été changé, un peu, beaucoup, par la rencontre d’un ami ou d’une amie ?
Loin d’être anodine, l’amitié fait irruption dans notre vie avec la force d’une promesse silencieuse : celle d’un partage, d’une écoute, d’une présence constante. Mais ce lien, aussi fort soit-il, peut se fragiliser. L’ami peut blesser, s’éloigner, ou ne plus répondre. Et nous voilà alors, seuls face à un vide souvent plus douloureux que celui de l’amour perdu.
Comme le rappelle Elena Ferrante dans L’amie prodigieuse, l’amitié peut durer toute une vie, traverser les tempêtes, les trahisons, les silences. Le roman, devenu culte, suit deux jeunes filles de Naples qui, au fil des décennies, tissent un lien indéfectible, fait de rivalités et d’attachement viscéral. Ce type d’amitié intense, exclusive parfois, vient troubler nos repères : est-ce encore de l’amitié ou déjà une autre forme d’amour ?
Se dire "amis", c’est se tenir ensemble face à l’existence. C’est parfois plus fort qu’un lien de sang, car il n’est pas donné : il est construit, patiemment, dans les hasards de la vie. Une amie nous transmet une chanson, une lecture, une manière de parler ou de voir les choses. L’ami laisse son empreinte. Nous sommes faits aussi de leurs héritages.
À une époque où les structures familiales se diversifient, de plus en plus de personnes, notamment des femmes, choisissent de mettre l’amitié au centre de leur existence. On parle même de "familles choisies". L’Insee notait déjà en 2021 que les formes de cohabitation et de soutien mutuel évoluent, en dehors du modèle conjugal classique.
Dans le podcast Un podcast à soi (Arte Radio), Charlotte Bienaimé évoque dans l’épisode 39 ces femmes pour qui "les copines d’abord" n’est pas qu’une chanson de Brassens, mais un mode de vie fondé sur la solidarité, l’écoute et la réciprocité.
"Aimer sans posséder, donner sans attendre, rester sans retenir." Voilà peut-être la devise de l’amitié véritable. Pour Marielle Macé, autrice du petit livre Ô mes ami.es ! (Bayard), l’amitié est une pratique de la disponibilité, un entraînement au décentrement. Elle nous fait sortir de nous-mêmes pour accueillir l’autre tel qu’il est.
Et si l’amitié nous ouvrait à une vie spirituelle partagée, faite de conversations lentes, de confidences légères ou profondes, de silences habités ? Françoise Hardy chantait L’amitié avec une tendresse presque prière. Dans un monde où tout s’accélère, les amis sont ceux qui nous apprennent à habiter le temps.
Dans "Les mots du divan", suivis d'une conversation avec Marie Olivares, Gaëlle de Decker, nous propose d'être à l'écoute des interrogations des femmes et des hommes d'aujourd'hui, confrontés aux autres, au monde et à eux-mêmes.
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