Les 3A et les 5R de Thérèse Hargot : une règle à manier avec discernement

Une grille de lecture séduisante pour les débuts d’une histoire

Thérèse Hargot, philosophe et thérapeute de couple, a élaboré une règle simple pour aider à répondre à deux questions essentielles : "Comment savoir que je t’aime ?" et "Comment savoir si je suis avec la bonne personne ?"
Cette méthode repose sur deux piliers : les 3A pour évaluer ses sentiments amoureux et les 5R pour juger de la solidité de la relation.

Les 3A, c’est l’Attirance, l’Admiration et l’Affection (ou Attention). Autrement dit :

Attirance : suis-je attiré·e par l’autre, physiquement, émotionnellement ?

Admiration : est-ce que je suis fier·e d’être avec cette personne ? Est-ce que je la respecte profondément ?

Affection / Attention : suis-je naturellement attentif·ve à l’autre ? Est-ce que je ressens une tendresse spontanée ?

Ces trois éléments sont presque toujours présents au début d’une relation : la découverte, l’idéalisation et la proximité émotionnelle nourrissent un enthousiasme partagé.

Les 5R : une boussole pour la compatibilité

La deuxième partie de la règle concerne les 5R, censés indiquer si l’on est avec la "bonne personne" :

Respect : est-ce que l’autre me respecte dans ce que je suis ?

Rassurer : est-ce que je me sens en sécurité émotionnelle à ses côtés ?

Rêver : est-ce que cette relation ouvre des horizons ? Me projette-t-elle dans un futur désirable ?

Rire : est-ce que nous partageons de la légèreté, du plaisir, de la complicité ?

Rayonner : est-ce que cette relation me rend visiblement épanoui·e aux yeux des autres ?

Cette grille est pertinente au moment de la formation d’un couple : elle permet d’éviter de s’engager dans une relation qui manquerait de fondations solides. "Au démarrage, c’est un bon outil de discernement. Mais pris au pied de la lettre plus tard, cela peut créer des dégâts", prévient Alice Piat.

Une règle à contextualiser selon les phases du couple

La vie de couple est faite de cycles. Après la phase d’idéalisation et de "lune de miel" vient souvent la période de désillusion, où l’on découvre l’autre dans sa complexité. À ce moment, certaines cases de la règle peuvent naturellement ne plus être cochées.

"Si à ce moment-là on applique la règle des 3A et 5R de manière rigide, on peut conclure à tort que la relation n’a plus d’avenir, alors qu’il s’agit souvent d’une phase normale", explique la thérapeute. Fatigue, parentalité, stress professionnel ou blessures anciennes peuvent altérer temporairement le rire, le rêve ou même le sentiment de sécurité.

Un outil de dialogue plutôt qu’un test définitif

Plutôt que d’en faire un juge de paix, Alice Piat propose de transformer cette règle en exercice de réflexion partagée. Elle invite les couples à prendre une grande feuille, à tracer trois colonnes ("Moi", "Toi" et "Nous") et à noter honnêtement où ils en sont pour chaque A et chaque R.

Moi : où en suis-je dans mon attirance, mon admiration, mes rêves partagés ?

Toi : comment je perçois ton engagement et ton attitude ?

Nous : que raconte aujourd’hui notre relation, en tant qu’entité propre ?

Cet exercice permet d’identifier des zones d’alerte ou d’endormissement, sans tirer de conclusions hâtives. "Peut-être qu’on est simplement dans une pente descendante, qu’on a trop misé sur la spontanéité du début, et qu’il est temps de remettre du dialogue et de la conscience dans le “nous”", souligne Alice Piat.
 

Redonner du souffle à la relation

Pour nourrir à nouveau les "A" et les "R", la thérapeute conseille des moments de qualité, comme les soirées sans écran : un espace simple pour échanger sur les langages de l’amour, exprimer ses besoins et se reconnecter.

La règle des 3A et des 5R n’est donc ni une recette magique ni une sentence, mais une boussole évolutive qui peut, selon la phase du couple, alerter, inspirer ou recentrer. "Elle peut aider à rebondir, à condition de ne pas la sacraliser", conclut Alice Piat.