Écrire, c’est parfois commencer à dire. Et si ce geste simple devenait un acte puissant de transformation intérieure ? Dans les ateliers d’écriture ou dans le secret d’un carnet, chacun peut tenter de déposer ce qui ne se dit pas. Gaëlle de Decker, psychologue clinicienne et psychanalyste, nous éclaire sur les vertus libératrices de l’écriture.
Écrire ce qui vient, sans contrainte ni censure : cela ressemble à l’association libre pratiquée en psychanalyse. On commence sans savoir où cela nous mène. Et, souvent, quelque chose surgit : une émotion, un souvenir, un pan de soi longtemps enfoui. Pour Gaëlle de Decker, “on sort du silence avec les mots, comme on sort de la honte d’avoir une histoire qui ne se raconte pas”.
L’écriture, dans ce cadre, devient un lieu de transformation. On y donne forme aux émotions engrammées dans le corps. On se les réapproprie, non pour dire “la vérité”, mais pour commencer un récit de soi, à sa manière.
Ateliers d’écriture en médiathèque, séances partagées en hôpital psychiatrique ou en prison, pratiques individuelles : les lieux où l’on écrit sont multiples, tout comme les motivations. Si certains en font un outil thérapeutique, d’autres y trouvent simplement un espace libre, hors du jugement, où poser ce qui les traverse.
"C’est en cela que c’est libérateur", témoigne Gaëlle de Decker. "Chacun écrit avec ce qu’il est, avec les mots qui le traversent. Cela donne le sentiment d’exister un peu différemment."
Même ceux qui pensent “ne pas savoir écrire” peuvent y trouver leur compte : une consigne simple comme “demain, il fait beau, quel est le projet ?” suffit parfois à faire émerger une parole inattendue, un imaginaire enfoui.
De nombreux auteurs ont fait du quotidien et de leur vécu intime une matière d’écriture. Annie Ernaux, prix Nobel de littérature, a montré la force des récits simples, des “vies de rien”. Jeanne Benameur, elle, parle des mots qui “habitent des espaces inconnus et ouvrent des chemins neufs”.
Écrire, c’est se raconter, parfois pour se réparer, parfois pour témoigner, parfois pour ne rien oublier. C’est aussi accepter que ce récit ne soit pas linéaire, ni même définitif, mais qu’il nous appartienne.
Dans "Les mots du divan", suivis d'une conversation avec Marie Olivares, Gaëlle de Decker, nous propose d'être à l'écoute des interrogations des femmes et des hommes d'aujourd'hui, confrontés aux autres, au monde et à eux-mêmes.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
En partenariat avec ENFANTS DU MÉKONG
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !