Le rétablissement en santé mentale, un cheminement pour se réapproprier sa vie
Sandrine Broutin de la Fondation Falret nous parle de guérison, ou plutôt de rétablissement en santé mentale.
Folie ordinaire, agir pour notre santé mentale, une chronique à écouter chaque lundi sur RCF.
Guérison, ou rétablissement ?
En santé mentale, on ne parle pas de guérison, mais plutôt de rétablissement. On ne fait pas disparaître la maladie, l’enjeu n’est pas le retour à un état antérieur mais la restauration d’un équilibre satisfaisant ; l’idée est d’aider la personne à vivre le mieux possible avec sa maladie. Il existe donc des perspectives de rétablissement, c’est bon à savoir car nous sommes nombreux à faire l’expérience d’un problème de santé mentale. La souffrance psychique survient, il est important d’avoir rapidement accès aux ressources autour de nous. Cela permet une intervention précoce avec un diagnostic et différentes formes de soutiens pour éviter que des situations de handicap ne s’installent ; de plus, sans suivi approprié, les conditions de vie peuvent se détériorer et entrainer une précarisation sociale et économique.
Les préjugés sur les troubles psychiques et l’hôpital psychiatrique freinent-ils les soins ?
La stigmatisation est forte, les personnes n’osent pas demander de l’aide. Elles ont peur d’être enfermées ! Les troubles psychiques sont associés à des pronostics fatalistes, des traitements incertains. Pourtant, ce n’est pas une fatalité, d’ailleurs 52 % des personnes qui consultent disent aller mieux et ne plus être en souffrance. On ne donne pas suffisamment de visibilité aux ressources et aux améliorations possibles. Les patients comme l’entourage ont besoin d’entrevoir des perspectives positives. L’espoir permet de se projeter, de se concentrer sur ce qu’on veut être, non ce qu’on n’est plus, de repenser ses plans de vie, c’est le premier pas du rétablissement.
Le rétablissement, c'est un processus pour se réapproprier sa vie ?
C’est un travail actif et continue pour prendre en main sa vie avec ses limitations. Pour se découvrir de nouvelles forces et ressources, s’ouvrir à d’autres possibilités. De défis en défis, malgré la persistance de certains symptômes, on surmonte les difficultés à vivre avec la maladie mentale et on poursuit ses rêves.
Est-ce que les proches et la société jouent un rôle ?
Oui car si le rétablissement est personnel, il ne peut se faire qu’au milieu des autres et avec les ressources de l’environnement. L’entourage joue un rôle essentiel en accueillant les choix de vie de la personne ; il la soutient dans son droit à déterminer ses priorités : accéder à un emploi ou une vie familiale et affective par exemple… Le personnel soignant doit aussi respecter et appuyer ces démarches entreprises pour reprendre le pouvoir sur la maladie. Tout aussi décisive est l’entraide entre les personnes expérimentant des expériences similaires.
Comment les pairs-aidants favorisent-ils la dynamique du rétablissement ?
Leur expérience de la maladie, leurs conseils, permettent à la personne malade de se sentir comprise, reconnue, moins isolée. Ils sont des sources d’inspiration et de courage. Pour autant, ils ne détiennent pas de recette miracle car le rétablissement est une expérience unique, avec un sens propre à chacun. Chacun son rythme, ses objectifs de vie. Il y a des progressions, des rechutes, avec bien sûr, du découragement, voilà pourquoi la confiance et la vigilance de l’entourage sont si essentielles.
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