Le concept de charge mentale est à la mode depuis plusieurs années dans un contexte où les vies professionnelles et privées ne sont pas toujours équilibrées. Quand le burn-out s'immisce peu à peu suite à la surcharge de tâches à réaliser au quotidien. Difficile aussi de reconquérir notre attention et la sérénité mentale. Comment définir cette charge mentale ? Qu'est qui perturbe notre attention aujourd'hui ? Comment contrôler et alléger cette charge sans se désengager de notre quotidien ?
Anne de Pomereu est spécialisée dans l'accompagnement de toute personne en difficulté d'apprentissage, d'organisation ou de mémoire. Elle a fondé Apprendre et transmettre. Elle a également écrit Eloge de la passoire et A la reconquête de l'attention.
En fait, on court après l'attention parce que le rapport au temps est perturbé. La modernité propose des tas d'outils formidables qui ont tous comme objectif de nous faire gagner du temps. Mais le grand paradoxe, c'est que chaque invention qui fait gagner du temps ne nous permet pas de récupérer celui-ci pour autre chose. Le temps est aussitôt dévoré parce qu'on rajoute des activités dans la même durée ailleurs. Le nombre d'activités qu'on fait dans une journée est devenu exponentiel. Ajoutons à cela l’envie d'aller vite et d'être efficace, d’accomplir les choses dans l'urgence et l'immédiateté ; c’est ce qui rend le rapport à l'attention compliqué.
Elle est très prophétique au sujet de l'attention. Elle dit que c’est le plus grand des efforts parce que l'attention suppose une disponibilité. Ça suppose de suspendre sa pensée pour être connecté à celle de l'interlocuteur, ou de la personne qui nous parle à travers un texte, une vidéo ou une émission de radio. Pour être attentif, il faut être disponible. Et pour être disponible, il faut arrêter de penser à nous afin de se rendre disponible à l'autre. Et c'est ça qui est en jeu aujourd'hui. C'est pour ça qu'elle dit que c'est un miracle à la portée de tous, à tout instant.
Il est intéressant de noter qu’on perçoit trop souvent l'attention, comme étant une dynamique mentale. Ce n'est pas que dans la tête, c'est complètement corporel. L'attention passe par la perception, par une ouverture des sens à ce qui se passe en dehors de nous. Elle est souvent en mode automatique, parce que s'il y a un papillon qui passe devant moi, je vais tourner la tête pour le suivre. Dans ce cas, ce sont mes yeux qui le suivent bien que mon intention se trouve derrière mes yeux, dans ma tête. L’attention passe toujours par une perception d’un élément extérieur. Pour être attentif, il faut être ouvert. La difficulté, c'est d'à la fois d'être ouvert pour capter ce qui se passe en dehors de nous. En général, les deux sens les plus mobilisés sont l'ouïe et la vue. Et puis ensuite, une fois qu'on est connecté à ce qui se passe en dehors de nous par l'attention, la concentration exigera de rester sur un seul objet, et donc d'éviter l'envie d'aller ailleurs si ça nous ennuie.
Avoir des pensées en stock en permanence est normal. Quand on parle de charge, c'est qu'il y en a trop. C'est le cumul des petites pensées qui sont très nombreuses et qui concernent souvent des activités qui sont désynchronisées par rapport à l'endroit où on est. Par exemple, lorsque je me trouve au bureau et que je pense à la préparation du dîner où que je dois penser à écrire au professeur de mon enfant. La définition la plus simple de la charge mentale, c'est le fait de penser à tout, tout le temps et pour tout le monde.
Qu'est-ce qui fait qu'on a une charge mentale ? C'est qu'on est des humains. Les animaux n'ont absolument pas de charge mentale. Parce que nous, notre capacité d'homme, c'est d'être capable d'anticiper.
La définition la plus simple de la charge mentale, c'est le fait de penser à tout, tout le temps et pour tout le monde.
La charge mentale, elle est un ressassement. On s'extrait du présent pour aller vers le futur, ou bien retourner dans le passé. C'est le principe de la to-do list en général. C'est pour ça qu'on parle de charge, parce qu'on se sent un peu accablé par toutes ces petites pensées d'anticipation des choses à faire pour que tout aille bien autour de nous.
Si on veut récupérer de l'attention, il faut raisonner en se disant que la volonté doit être engagée mais qu'elle ne suffit pas à contrer la puissance des machines et des algorithmes qui sont beaucoup plus puissants que notre volonté. Quand on a besoin de faire des activités qui demandent de l'attention, de la concentration, celles-ci ne procurent souvent pas de satisfaction immédiate. Ça suppose qu’on en ressente une frustration au départ. C'est compliqué parce qu'on a toujours le choix d'aller s'échapper vers quelque chose de plus facile ; on peut aussi résister à ces tentations qui nous distraient !
Pour récupérer de l'attention, il faut raisonner en bulle. C'est-à-dire, que je vais accomplir chaque tâche de façon unique en me mettant dans une bulle de concentration, et que je vais aller au bout de la tâche. Il ne faut pas nécessairement que la durée soit longue mais que l’on répète ce processus de façon singulière pour toutes les choses que nous avons à faire.
L'agenda permet de visualiser le temps, ce qui nous permet aussi d’établir les priorités. La question à se poser est : comment fixer ces priorités dans le temps ? La prière est un très bon entraînement d'attention. Pour les activités les plus difficiles, il faut s’entraîner de manière régulière. Si on décide de prendre un temps de prière et qu’on ne veut pas passer à côté à cause des distractions, il faut l'installer de façon régulière dans son agenda et à un moment qui fera de cette activité une habitude. Le système par habitude fonctionne très bien. Il y a des activités qui requièrent une fluidité attentionnelle, notamment les activités artistiques et sportives. Et puis, il y a des moments où on se bat contre notre attention, notamment dans l'écriture.
La prière est un très bon entraînement d'attention !
L'attention, on ne la muscle pas comme on muscle son corps à la salle de sport. On aura toujours des forces qui vont nous déstabiliser. En prenant des bonnes habitudes, notre attention est de plus en plus stable et équilibrée. Une fois qu'on a trouvé son attention, sa concentration, c'est fluide. Simone Weil le dit aussi : 20 minutes d'attention sans effort valent infiniment mieux que trois heures de cette concentration.
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