« Il faut donner aux jeunes l'envie de devenir adulte » Laetitia Hassoun accompagne les parents dans la période délicate de l’adolescence

« L’adolescence est une transformation, pas un effondrement »

« Quand les difficultés sont là, elles sont fortes » : Laetitia Hassoun ne nie pas les tensions qui traversent l’adolescence, bien au contraire : elle en mesure toute la complexité, amplifiée par les mutations de notre société. Mais son regard est résolument habité d’espérance : pour elle, cette période est une chance, un creuset, une promesse d'évolution. Dans son livre, l’auteure refuse les discours anxiogènes. Elle propose une lecture renouvelée de l’adolescence : celle d’une période de mutation exigeante, mais profondément vivante. « Il s’agit d’apprendre à quitter l’enfance, à faire des choix, à se frotter à la frustration et même à l’échec ». Pour cela, les parents doivent s’équiper, mais surtout s’ajuster : relire leur histoire, affronter leurs propres fragilités, offrir un cadre stable, des repères, du temps… et beaucoup de présence.
La société n’aide pas toujours. Elle valorise la toute-puissance, accélère le rythme, entretient l’illusion d’un monde sans limite. L’adolescent, pris dans ces injonctions paradoxales, doit apprendre à se structurer sans renier sa sensibilité. « La crise d’adolescence est normale, rappelle Laetitia Hassoun. Mais aujourd’hui, les crises sont souvent plus précoces, plus violentes. »

L'adolescence est une promesse de croissance

« Être parent, c’est tenir bon dans le hamac »

Face à cette intensité, Laetitia Hassoun appelle les parents à ne pas se dérober. Être là, comme un porte-avion prêt à accueillir les décollages et les atterrissages d’un ado en quête d’équilibre. Cette disponibilité, elle ne se décrète pas, elle s’organise. « On a consacré mille jours à notre enfant petit, il en faudra tout autant à l’adolescence ». Ce rôle de parent ne peut se jouer qu’en lien avec d’autres adultes : conjoint, amis, enseignants, éducateurs. Trouver sa juste place dans ce réseau est essentiel. Elle insiste aussi sur l’importance des routines, des temps d’échange formels et informels, et même sur l’éducation à la vie intérieure ou à la sexualité, autant de sujets parfois délicats, mais que les parents doivent oser aborder.
C’est une vision exigeante mais profondément incarnée de l’éducation. Pas de recette miracle, mais un appel à poser des actes justes, à transmettre des valeurs solides, à montrer que la vie adulte mérite d’être désirée. " Si on veut qu’ils grandissent, il faut leur donner envie d’être adultes ".