Eric Fouassier : " Quand ça ne va pas, je mets du Bobby Lapointe !"

Six hommes réunis par un lourd secret dans un manoir bloqué par les neiges, sous la menace d’un mystérieux tueur. C’est le point de départ de "Requiem pour la Dame blanche", un thriller au parfum d’Agatha Christie et de Gaston Leroux. Des références pas prises au hasard. "J’avais envie de renouer avec les romans de crime impossibles." confie l’auteur, "le fameux meurtre en chambre close, un genre populaire et parfois délaissé où la question n’est pas tant qui a tué, mais comment on a tué."

L'ombre de Mata Hari

Et des énigmes, ce n’est pas ça qui manque, entre baïonnette baladeuse, meurtre en plein vol ou messages secrets qui disparaissent, sous l’ombre fantomatique de Sybil, la "Dame blanche" du titre, ex chanteuse de cabaret sommairement exécutée pour espionnage en 1916. Une époque : l’enfer de la Première Guerre Mondiale et une figure qui n’est pas sans rappeler la fameuse Mata Hari. "Dans la plupart de mes romans historiques, j’aime bien recourir à des personnages qui sont un peu des images d’Epinal, le chevalier Bayard ou Vidocq et ici, cette femme fatale, victime aussi d’une tragédie qui la dépasse et autour duquel gravitent tous les personnages, un peu comme des papillons agglutinés autour d’une lampe dans l’obscurité."

Un prof écrivain 

Un nouveau roman particulièrement prenant et riche d’écriture, publié après la série du "Bureau des affaires occultes" où l’on suivait les aventures du ténébreux inspecteur Valentin Verne dans le Paris tourmenté des années 1830. Un véritable succès en librairie : plus d’un demi-million d’exemplaires vendus en 2021et qui a fait d’Eric Fouassier l’un des nouveaux maîtres du thriller historique. Une célébrité que goûte avec plaisir ce docteur en droit et pharmacie, toujours professeur d’université : "J’ai régulièrement des étudiants qui viennent me faire signer un livre à la fin d’un cours ou d’une thèse." avoue-t-il. "Et avec les réseaux sociaux, d’anciens étudiants me disent retrouver dans mes romans tout l’enthousiasme que vous mettez dans vos cours et c’est formidable d’avoir ces retours-là !"

Questions Bonheur

Première question : le matin au réveil, est-ce que vous êtes tout de suite de bonne humeur ou vous avez des humeurs meurtrières, comme dans vos livres ?

Alors plutôt de bonne humeur ! Mais en fait, on ne peut pas trop m'approcher non plus, parce que la première chose que je fais le matin en me levant, c'est que je lis. Je commence toutes mes journées en lisant au moins une heure.

Et vous lisez quoi exactement ?

De tout, je peux lire des romans, des livres d'histoire, de la poésie, du théâtre, Je lis vraiment de tout.

Et donc, il ne faut pas vous déranger tant que vous n'avez pas fini votre lecture ? 

Oui, il ne faut pas me déranger. Je suis un ours pour ça. Je suis concentré sur ma lecture pour me laisser tranquille quand je lis !

Le message est passé ! Autre question : qu'est-ce que vous faites pour vous remonter le moral quand vous avez un petit coup de déprime ?  Est-ce que vous allez au Cabaret style Eldorado, comme dans votre dernier roman Est-ce que vous prenez un algonquin, ce cocktail de whisky, vermouth et jus d'ananas, comme le colonel Saint-Léger, l'un de vos personnages ? 

Je vois que vous lisez de près mes romans ! (rires) En fait, il y a une recette infaillible, je la recommande à tout le monde, ça marche à tous les coups, c'était la recette de Brassens : je me mets un disque de Bobby Lapointe. Quand on a un moment de déprime, c’est impossible de mettre un disque de bobby-la-pointe et de continuer à broyer du noir. Si les auditeurs veulent suivre le conseil !

Pourquoi pas ! Eric Fouassier, est-ce qu'il y a un endroit qui vous ressource, qui vous fait du bien ? 

Alors, quelque chose qui me permet vraiment de me vider la tête, c'est l'excursion randonnée en moyenne montagne. Les Vosges, c'est parfait. J'adore marcher dans la forêt avec une pente pas trop élevée, pour ne pas trop peiner et que ça reste du plaisir. Vosges, Jura, tout ça, c'est parfait.

Est-ce qu'il y a une personne qui a beaucoup compté pour vous, dans votre vie professionnelle ou personnelle et à qui, aujourd'hui, vous avez vraiment envie de dire merci ? 

Alors, dans ma vie d'écrivain, il y a vraiment une personne avec laquelle il y a eu un avant et un après, c'est Isabelle Laffont. En fait, l'éditrice qui m'a fait rentrer dans une grande maison d'édition, chez Jean-Claude Lattès, à l'origine, Et c'est devenu mon agent littéraire, c'est elle qui m'a fait rentrer chez Albin Michel et c'est ma première lectrice professionnelle. C'est-à-dire, après, mon épouse qui est ma première lectrice, derrière, c'est Isabelle qui prend le roman, et c'est quelqu'un qui a un regard d'une acuité extraordinaire sur les romans et qui voit toujours ce qui va pouvoir améliorer le livre, Toutes ses suggestions sont toujours hyper pertinentes, donc, je lui dois beaucoup, oui.

Pour terminer, Eric Fouassier, vous connaissez le dicton "Pour vivre heureux, vivons, cachés." Mais pour vous, pour vivre heureux, il faudrait vivre comment ? 

Je vais vous faire une réponse un peu cul cul la praline, mais qui correspond vraiment à ce que je pense. Pour vivre heureux, il faut vivre d'amour et d'eau fraîche. La gloire, l'argent, tous ces trucs-là sont des trucs qui passent. Et la seule chose qui rend profondément un homme ou une femme heureux, c'est d'aimer et d'être aimé. Donc, vivons d'amour et d'eau fraîche ! Ce n'est pas toujours possible, mais quand on le peut, c'est vraiment ce qui peut nous rendre heureux. 

"Requiem pour la Dame blanche" d'Eric Fouassier. Publié aux éditions Albin Michel