
"Les jolies colonies de vacances" chantait Pierre Perret dans les années 60. Mais en 2025, sont-elles toujours aussi attractives ? En quoi ont-elles changé ? Comment y préparer son enfant quand c'est la première fois ? Les conseils de Cyril Gaffet, délégué national des séjours enfants-jeunes à l'UFCV (Union Française des Colonies de Vacances) et Emmanuelle Mallard, coach parentale et familiale.
Les "colos", toute une histoire. Les premières auraient été lancées à la fin du 19e siècle par le Pasteur suisse Brion, soucieux d’emmener des enfants défavorisés de Zurich respirer l’air pur des montagnes. De sanitaire, on est passé à l’éducatif puis aux loisirs. Mais aujourd’hui, les colonies ont-elles toujours la côte ? Selon l’INJEP, Institut National Jeunesse et d’Education Populaire, on a compté un million 340 000 départs en 2023/2024, soit une stabilisation d’avant la crise du Covid. "On a senti une envie de faire repartir les enfants après un an enfermé à la maison." constate Cyril Gaffet.
Reste qu’on est loin des 4 millions du début des années 60. Une baisse qui s’explique par le coût des séjours, une peur des parents de faire partir leurs enfants, mais surtout depuis une cinquantaine d’années "une désaffection des collectivités territoriales au profit des centres aérés et accueil de loisirs." souligne le représentant de l'UFCV.
Manque de structures, mais aussi mauvaise interprétation pour les parents de ce que peut être une colonie. "Souvent" souligne la coach Emmanuelle Mallard, "j’ai des parents qui sont excédés par leur quotidien, qui ne savent plus comment faire avec leurs enfants et qui leur disent je vais t’envoyer en colo, comme s’il s’agissait de punition." Une forme de menace dont témoigne une auditrice, qui "en a toujours eu peur" et qui regrette aujourd’hui de ne pas y avoir été.
Autre frein : de mauvais souvenirs de colo vécus par les parents et aussi l’angoisse de la séparation. "Sur les quais de gare, le jour du départ, on s’aperçoit qu’ils sont souvent plus stressés que les enfants, parce qu’ils vont se retrouver tout seuls, sans un bruit, alors que les enfants vont s’amuser." rapporte Cyril Gaffet. D’où "ce premier travail à faire pour envoyer son enfant en colo", résume Emmanuelle Mallard. "Parents, soyez convaincants …et convaincus !"
Car les séjours de vacances ont beaucoup de bénéfices pour un enfant : développement de l’autonomie et des responsabilités, "comme apprendre à faire son lit, à préparer un repas pour un groupe ou savoir monter une tente." cite Cyril Gaffet. Des capacités d’adaptation qui "serviront plus tard, quand il quittera sa famille pour faire ses études ou partir en apprentissage." confirme Emmanuelle Mallard, citant le cas de son fils ayant quitté le foyer à 15 ans pour devenir footballeur professionnel.
Découvertes aussi de nouvelles activités, qu’il n’aurait jamais explorées auparavant et enfin, la mixité sociale avec des enfants de milieu ou de culture différents. "On a parfois des familles qui nous remercient." indique Cyril Gaffet "Ma fille a croisé des enfants qu’elle n’aurait jamais rencontrés. Elles sont devenues super amies et elles veulent rester en lien."
Mais quand commencer sa première colo ? Généralement dès l’âge de 6 ans, d’une durée d’une semaine et en partant d’une activité "dont a envie l’enfant" conseille Cyril Gaffet. Et les propositions aujourd’hui ne manquent pas. Des séjours classiques, sportifs, culturels ou nature. Ou des séjours plus thématiques, scientifiques, linguistiques ou écologiques. Les plus demandées étant pour lui "la découverte multi activités, ces colos un peu traditionnelles, avec des grands jeux, quelques activités sportives, d’accro branche ou bord de mer et souvenirs shamallows grillés autour du feu !"
Reste qu’un départ, ça se prépare. La clé, pour Emmanuelle Mallard : "Anticiper pour rassurer. Il faut répondre à ses interrogations, sur la durée du séjour, le programme, la distance par rapport à la maison, le repas, le logement, les règles qu’l va y avoir. Plus il y aura de détails et moins ce sera une nouveauté, car on en aura parlé énormément."
Autre conseil : lui apprendre à gérer les émotions qui pourront naître et chercher ensemble des solutions : "Que ferais-tu si tu te sens triste ? : tu pourras regarder une photo de la famille qu’on aura mise dans ta valise ou aller voir un animateur si un autre enfant t’embête. Si on déconstruit toutes les peurs qu’ils peuvent avoir et permettre de les exprimer, l’aventure va se vivre beaucoup plus pleinement et sereinement." D’autant, rappelle Cyril Gaffet, que "toutes les informations concernant le séjour sont envoyées à l’avance par les organisateurs et que c’est intéressant de les regarder ensemble."
Autre étape clé avant le départ : la préparation de la valise. Une manière là aussi de rassurer l’enfant. « Savoir ce que l’enfant veut amener et comparer avec la liste d’affaires demandées et voir ce qu’il emportera ou pas. Prévoir aussi des objets émotionnels du quotidien, type doudou, pour vivre cette expérience plus facilement. Choisir ses tenues préférées et pourquoi pas mettre une petite surprise par jour pour décompter ceux qui restent ou un cadre photo ou un petit bracelet qu’il pourra porter et lui rappellera la maison." complète la coach parentale.
Et une fois l’enfant parti, dans quelle mesure garder le contact et savoir si tout se passe bien ? "Finie l’époque des messages sur répondeur !" sourit Cyril Gaffet "Maintenant on a des blogs avec des photos de groupe consultables par les parents pour voir l’enfant dans son contexte." Pas question non plus d’appeler tous les jours "On le déconseille. Il y a un numéro en cas d’urgence sur chaque séjour. Mais il faut bien voir qu’un enfant qui n’appelle pas ses parents, c’est un enfant qui s’amuse beaucoup ! "Ce que confirme Emmanuelle Mallard à l'adresse des parents anxieux "C’est une aventure que vit l’enfant, en dehors de la famille. Laissons-lui en profiter un maximum !"
Des émotions et des moments intenses, que l’enfant aura du mal à exprimer au retour, ce qui peut déstabiliser les parents en attente d’anecdotes. "Posez lui alors des questions fermées et précises : le soir, comment tu faisais pour aller te coucher ? Le midi, tu mangeais plutôt du poisson ou de la viande ? Et surtout laisser l’enfant souffler, retrouver ses repères et sa routine." Des souvenirs qui pourront rester gravés longtemps. Ce dont témoigne Nicole 75 ans, suite aux camps paroissiaux vécus dans son enfance : "on préparait des marches, des veillées formidables, des ateliers poterie et des chants qui nous soudaient. J’ai trouvé cela merveilleux. Ca m’a développé une curiosité, une ouverture aux autres, une envie de découvertes et de voyages et ça m’a changé la vie !" Alors, prêt pour le grand départ en colo ?
Pour aller plus loin :
"Bien préparer son enfant à sa première colonie de vacances." Guide complet à découvrir sur le site d’Emmanuelle Mallard, coach parentale et familiale : https://www.emmanuellemallard.fr/post/https-www-emmanuellemallard-fr-bien-preparer-enfant-premiere-colonie-de-vacances
L’UFCV, Union Française des Colonies de vacances. Toutes les infos sur les séjours : https://www.ufcv.fr/
Préparer son Bafa, Brevet d’Aptitude aux fonctions d’animateur : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2111
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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