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Embolie pulmonaire : quels signes et comment réagir ?

Embolie pulmonaire : quels signes et comment réagir ?

Un article rédigé par Vincent Belotti - RCF, le 3 octobre 2025 - Modifié le 3 octobre 2025
Portez-vous bienEmbolie pulmonaire : quels signes et comment réagir ?

En France, elle est responsable de près de 50 000 hospitalisations, avec risques de décès dans moins de 3% des cas. Mais qu'est-ce qu'une embolie pulmonaire ? Quels sont les signes d'alerte et quelle prise en charge ? A l'occasion de la Journée mondiale des maladies thrombo emboliques, ce 14 Octobre, le point avec le Dr Claire Grange, médecin spécialistes des malades vasculaires aux HCL de Lyon et le témoignage de Stéphane, 50 ans, touché en mai 2024.

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Embolie pulmonaire, qu’est-ce qu’on entend par là ? C’est en fait l’obstruction partielle ou totale d’une artère des poumons, généralement causée par un caillot de sang. "Le plus souvent, ça commence par une phlébite." détaille le Dr Grange. "Un caillot de sang qui se forme dans une veine des membres inférieurs et qui va se fragmenter. Un petit morceau va alors suivre le courant sanguin, comme une feuille dans une rivière, et venir se balader dans la circulation pulmonaire, ». 

Quelles conséquences alors ? "L’oxygénation du sang qui se fait au niveau pulmonaire va devenir moins bonne. On est alors essoufflé, ça peut donner des douleurs dans le thorax, des malaises et dans les cas graves, des pertes de connaissance. Mais c’est fort heureusement très rare." rassure le médecin.

Des causes diverses

Mais qu’est-ce qui peut causer ce caillot, à l’origine de l’embolie ? "Il y a tout un tas de choses qui favorise cette coagulation." explique la spécialiste des maladies vasculaires "La lésion d’un vaisseau, en particuliers après une opération chirurgicale, où la coagulation est stimulée pour que les patients ne se vident pas de leur sang. Certaines maladies aussi, comme des cancers" où la coagulation peut se dérègler. 

Egalement des traitements hormonaux après la ménopause et des pilules contraceptives contenant des œstrogènes. La grossesse enfin, qui peut "modifier le climat hormonal des femmes et provoquer des phlébites." Par contre, pas de mise en cause du vaccin anti covid, comme cela a pu être mis en avant. "Le taux d’embolies pulmonaires avant et après la vaccination est resté le même dans la population." souligne le Dr Grange.

"Vous êtes en train de faire une embolie !"

Embolie pulmonaire. Stéphane en a fait l’expérience. Pour ce technicien d’autoroute, les premiers signes ont commencé en mai 2024, lors de vacances familiales au Portugal "Je me sentais essoufflé dans les montées, notamment pour me rendre à l’hôtel." confie-t-il. De retour en France, cette difficulté à respirer s’aggrave, accompagnée d’une grande fatigue. Jusqu’à un soir, où au cours d'une douche, il découvre une jambe gonflée qui lui fait mal "comme si on m’avait injecté un produit" avant de retrouver un état normal deux jours après. 

Consultée, sa généraliste ne trouve rien d’alarmant concernant le cœur et la tension, mais lui prescrit par précaution une analyse de sang. Et c’est le labo qui l’appelle, l'après-midi suivant le prélèvement : "Vous êtes en train de faire une embolie pulmonaire. Il faut tout de suite aller aux urgences !" Ce qui n’a pas trainé : "Je suis resté une minute en salle d’attente, avant d’être hospitalisé." se souvient-il

Diagnostic et traitements

Mais comment bien diagnostiquer une embolie pulmonaire ? Un indicateur : le taux de D Dimères. Des petits fragments issus de dissolution de caillots, processus que l’organisme secrète naturellement en réponse à une trop forte coagulation. "Si ce taux est trop élevé, associé aux signes cliniques (comme l’essoufflement ou un gonflement anormal des jambes), on doit suspecter une embolie pulmonaire." confirme le Dr Grange. Le cas pour Stéphane, alerté par le laboratoire d’analyses. Autre outil de diagnostic : l’angioscanner, "un scanner avec une injection qui permet de visualiser les vaisseaux pulmonaires et de voir s’il y a des caillots à l’intérieur" explique la praticienne.

Le diagnostic posé, quels traitements contre l’embolie pulmonaire ? "Tout dépend de la gravité de la situation." souligne la spécialiste. Des critères qui vont de "pas de gravité" jusqu’à "l’embolie pulmonaire grave." Dans le cas de Stéphane, il s’agissait d’une forme intermédiaire forte, nécessitant une hospitalisation en soins intensifs et des injections d’héparine, une molécule dissolvant les caillots et "qui a sauvé des milliards de vies " depuis ses premières utilisations dans les années 40. 

Mais qu'en est-il si les critères cliniques, biologiques et radiologiques n'ont pas de gravité ? "On peut traiter les patients en ambulatoire." répond le Dr Grange. "C’est-à-dire qu’ils peuvent rentrer chez eux le soir même, avec des traitements par voie orale et un rendez-vous avec le médecin vasculaire dans les trois à huit premiers jours." On peut aussi avoir recours à des thrombo aspirations pour enlever le caillot, assorties de super anti coagulants plus forts que l’héparine. Quant à la chirurgie complète, elle reste exceptionnelle :"Deux cas seulement dans toute ma carrière !" confie la praticienne.

Reprendre une vie normale

Quoi faire enfin lorsqu’on est traité pour une embolie pulmonaire ? "Il faut reprendre une vie la plus normale possible et le plus rapidement possible". estime la médecin des HCL "Et c’est le patient qui est son meilleur conseil, sachant jusqu’où il peut aller en terme d’efforts. ». Quelques précautions toutefois, comme éviter des sports violents, comme la boxe ou le rugby, vu les risques d’hémorragies dus aux traitements anti coagulants. Oui aussi aux fameux bas de contention, mais seulement "s’il y a un caillot résiduel." Mais surtout, pour éviter les récidives ou prévenir le risque, lutter contre l’immobilité et notamment pendant les voyages « Faire Lille-Perpignan en voiture, c’est aussi dangereux que faire un Paris –New York en avion ! " estime la spécialiste. 

Quant à Stéphane, depuis son passage aux urgences, il va beaucoup mieux. Encore de la fatigue au travail, mais plus d’essoufflement, grâce à son traitement anti coagulant. "J'ai tout de même perdu 10 % de mes capacités respiratoires. Mais on m’a dit que ça reviendrait grâce à de l’activité physique." De fait, il s’est remis, à son rythme, à la marche et à la natation, tout en étant suivi régulièrement par un cardiologue. Une épreuve qui a aussi changé la façon de voir la vie : "Mon médecin traitant m’a bien expliqué que si ça s’était mal passé, j’aurais pu disparaitre en une minute. Du coup, il faut profiter du moment présent. Et c’est vrai qu’on ne voit plus les choses pareilles !" De quoi faire rimer embolie avec  ... philosophie !

 


Pour aller plus loin :

Tout savoir sur l'embolie pulmonaire sur le site de la Sécurité Sociale : 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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