Coqueluche, rougeole, Chikungunya : faut-il craindre de nouvelles épidémies ?
Rougeole et coqueluche. Deux maladies qu'on croyait en forte diminution et qui ont fait un retour en force l'an dernier. Comment l'expliquer ? Quelles recommandations ? Et puis Chikungunya, dengue, Zika : le nombres de cas ne cesse d'augmenter en France. Faut-il s'en inquiéter ? Tour d'horizon de ces épidémies anciennes et nouvelles avec le Pr Anne-Claude Crémieux, spécialisée en maladies infectieuses et présidente de la Commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de Santé (Has)
© Freepik"Bordetella Pertussis". C’est le nom de la bactérie responsable de la coqueluche. Une infection respiratoire très contagieuse qui se traduit principalement par des quintes de toux violentes et répétitives, surtout la nuit. Si elle n’est pas dangereuse pour les adultes, elle peut conduire à l’asphyxie chez les nourrissons non protégés. En 2024, lors de la reprise de l’épidémie, 20 enfants de moins d’un an en sont décédés. D’où l’importance de la vaccination, obligatoire depuis 2018 : "Une injection à deux mois, puis quatre mois, puis onze mois." rappelle le Pr Crémieux. "Le problème, c’est que la protection ne dure que 5 ans, d’où des rappels à six ans, onze ans et vingt-cinq, l’âge où l'on est susceptible d’être parent et transmettre la maladie." Mais comment protéger les nourrissons avant leur première injection ? "La meilleure façon" explique la spécialiste, "c’est de vacciner pendant la grossesse notamment au 2e trimestre, ce qui permet de transmettre des anti corps dès la naissance." De fait, 75 % de femmes enceintes l’ont été en 2024, ce qui a évité des décès et enrayé l’épidémie.
Rougeole : les ados menacés
Autre épidémie qui a fait un retour en force ces derniers mois : la rougeole. Due à un virus, elle est particulièrement contagieuse : "Une personne malade peut en contaminer quinze." rappelle le Pr Crémieux. D' autant que la transmission peut s’effectuer avant même l’apparition des fameuses plaques rouges qui la caractérise. 828 cas ont été déclarés entre le 1e janvier et 30 Août 2025, soit 35% de plus qu’en 2024.
Comment là aussi expliquer ce rebond, alors que la vaccination est obligatoire en France depuis 2018 ? La faute … au Covid, selon le Pr Crémieux. "Pendant la crise sanitaire, il y a eu dans beaucoup de pays un problème d’accès à la vaccination, parce que les gens étaient confinés et les systèmes hospitaliers débordés. D’où la recrudescence de l’épidémie." A prendre au sérieux, car la rougeole peut amener de graves complications pulmonaires ou neurologiques chez des ados et jeunes adultes. D’où l’importance dans le doute de se faire revacciner pour les personnes nées après 1980, à raison de deux injections à un mois d’intervalle. Une protection à vie, à la différence de la coqueluche.
Chikungunya : pas de vaccination systématique
Si coqueluche et rougeole font partie des maladies hexagonales depuis des décennies, d’autres virus venus des pays tropicaux ont fait leur apparition sur le territoire ces dernières années, suite au réchauffement climatique, dengue, Zika, virus du Nil occidental et surtout chikungunya. En septembre dernier, on recensait 982 cas importés et 479 contractés en France, dont pour la première fois en Bourgogne, Franche-Comté, Centre Val de Loire et Grand Est. Symptômes communs : une fièvre et fatigue, mas surtout des douleurs articulaires invalidantes, qui peuvent persister deux ans après la contamination.
Deux vaccins existent contre la dengue et le chikungunya. Faut-il désormais y recourir systématiquement dans les zones infectées ? "Non", assure l'infectiologue. "A ce jour, la France n’est pas considérée comme un pays épidémique. Les précautions que l’on doit prendre, c’est lutter contre les moustiques, tigres en particulier, qui transmettent ces maladies et s’en protéger. Une démoustication est effectuée autour du domicile du patient infecté et une déclaration de cas obligatoire. Mais si le nombre de cas explose, on reverra évidemment les indications du vaccin."
Grippe et Covid : refaire des "mises à jour"
En attendant, deux virus bien saisonniers vont refaire parler d’eux cet hiver, à savoir la grippe et le covid. Pour ce dernier, on a constaté depuis fin août une reprise de l’épidémie avec un nouveau variant, avec un nombre de passage et hospitalisations aux urgences qui a augmenté de 37 % pour les adultes, entre le 15 et le 21 septembre. Faut-il craindre une nouvelle vague de contamination ? "Non", rassure le Pr Crémieux. "Si ce variant est un peu différent, il reste très proche des virus que nous avons connus. Donc l’immunité de la population a une certaine efficacité. Mais il faut continuer à faire des mises à jour, ce qui va être proposé cet automne avec un vaccin plus efficace contre les souches circulantes." Et malgré la circulation de ce nouveau virus, la campagne de vaccination ne sera pas avancée et débutera le 14 Octobre, comme prévu.
Ne pas prendre non plus la grippe à la légère : l’an dernier, elle a été responsable de près de 14 000 décès. "Pour nous, c’est un signal d’alarme", estime la représentante de la HAS "On pense qu’on a sous-estimé et qu’on atteindra peut-être des chiffres plus élevés." D’où là encore, l’importance de se protéger, en particuliers pour les plus de 65 ans et les femmes enceintes, qui peuvent faire des formes sévères. Car, souligne le Pr Crémieux, "l’objectif de ces vaccins n’est pas d’empêcher de contracter le virus. Ce qu’on leur demande, c’est d’éviter que vous alliez à l’hôpital et qu’il y ait des complications de problèmes chroniques, comme le cœur, les poumons et le rein." Deux vaccins dits "augmentés" seront donc proposés à partir du 14 Octobre*, début de la campagne 2025. Et il sera possible de faire les injections contre la grippe et le covid le même jour, en attendant une piqure commune d’ici quelques années.
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