Comment retrouver une vraie connexion avec son enfant ?
Grandir, c’est parfois s’éloigner… Comment recréer du lien avec son enfant quand la complicité semble perdue ? Dans l’émission Les mots du divan sur RCF, la psychanalyste et psychologue clinicienne Gaëlle de Decker partage des repères essentiels : patience, confiance et communication pour renouer la relation.
Conseils et clés pour renouer le lien avec son enfant © PexelsComprendre la distance qui s’installe
"Ma fille grandit, je ne la reconnais plus, j’ai l’impression de l’avoir perdue", confient souvent des parents. Ce sentiment est courant et s’explique : l’enfant traverse des phases d’émancipation, de repli ou de quête d’identité, particulièrement à l’adolescence. La communication devient plus complexe, les mots se raréfient, les gestes affectueux s’effacent parfois.
Comme le rappelle Gaëlle de Decker, psychanalyste et psychologue clinicienne, il est essentiel de ne pas interpréter cette distance comme une rupture définitive. Elle fait partie du processus normal de croissance : l’enfant construit son autonomie, tout en gardant, souvent de manière invisible, un besoin profond du lien parental.
Patience, confiance et communication : les maîtres-mots
Retisser la relation ne se fait pas en un jour. Cela demande de la patience, pour accepter que certaines étapes soient marquées par le silence ou l’opposition, de la confiance, en reconnaissant l’autonomie grandissante de l’enfant et en respectant ses choix, et de la communication, non pas comme un flot de paroles imposées, mais comme un dialogue où l’écoute active, le respect des émotions et l’absence de jugement sont centraux.
Gaëlle de Decker insiste : "Il ne s’agit pas de forcer le lien, mais d’offrir un espace où l’enfant sent qu’il peut revenir quand il en a besoin."
Se rapprocher en s’intéressant à son univers
Un des leviers concrets pour renouer la complicité est de s’intéresser à l’univers de l’enfant. Découvrir ses passions, ses musiques, ses jeux, ses amitiés, même si elles nous semblent éloignées de nos propres repères, permet de recréer des ponts.
Partager une activité, accompagner à un concert, cuisiner ensemble ou même visionner une série (comme Gilmore Girls, qui explore la complexité mère-fille) peut devenir une porte d’entrée vers un dialogue et nous montrent combien ces moments de partage sont précieux et nourrissent la confiance.
Accepter l’indépendance comme un processus naturel
L’éloignement psychique de l’enfant n’est pas une perte, mais une transformation du lien. Le reconnaître comme un processus naturel évite la frustration et l’affrontement. Les parents peuvent parfois souffrir de ce détachement apparent, mais garder en mémoire que ce lien ne disparaît pas aide à vivre plus sereinement cette étape.
C’est souvent au moment où on relâche la pression que l’enfant revient plus volontiers vers la relation, parce qu’il ne s’y sent pas contraint mais accueilli.
Des ressources pour nourrir la relation
Outre les temps de vie quotidienne, certains médiateurs peuvent aider : la musique, le dessin, le sport ou le théâtre deviennent des langages communs. Les parents peuvent aussi trouver du soutien auprès de groupes de parole, d’associations ou de professionnels comme les psychologues, qui aident à décoder ces périodes délicates.
Comme le conclut Gaëlle de Decker, renouer la relation avec son enfant n’est pas chercher à revenir en arrière mais à construire autrement. "Le lien ne disparaît jamais vraiment, il se transforme." Retrouver la connexion, c’est accepter ce mouvement et poser, jour après jour, des gestes simples de présence, d’écoute et de confiance.


Dans "Les mots du divan", suivis d'une conversation avec Marie Olivares, Gaëlle de Decker, nous propose d'être à l'écoute des interrogations des femmes et des hommes d'aujourd'hui, confrontés aux autres, au monde et à eux-mêmes.




