Bronchiolite : Comment la prévenir et la traiter ?
Toux et difficultés à respirer. Chaque hiver, la bronchiolite touche 500 000 bébés, dont 35 000 hospitalisés. Comment savoir si c’est grave ? Quoi faire pour la traiter et que penser des traitements préventifs lancés il y a deux ans ? Le point avec le Pr Yves Gillet, chef du service des urgences pédiatriques aux Hospices Civils de Lyon
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Bronchiolite. Comment la définir ? C’est une inflammation des bronchioles, ces toutes petites "branches" qui permettent de transférer l’air dans les alvéoles pulmonaires. "On devrait plutôt dire broncholio-alvéolite" précise le Pr Gillet."Parce que l’infection va toucher l’ensemble des voies respiratoires et c’est en fait une pneumonie virale." Virale, car si plusieurs virus peuvent en être la cause, le principal reste le VRS Virus Respiratoire Scyncicial. Particulièrement contagieux, il se transmet dans les voies aériennes supérieures par des "grosses gouttes, projetées à moins d’un mètre. Mais aussi par contact indirect par les mains ou les objets souillés, comme les doudous."
Comment débute une bronchiolite ? "Comme cela passe par le nez et la gorge, ça donne une rhinite, puis rhinopharyngite et ça descend progressivement." détaille le médecin pédiatre. "Les symptômes sont alors une toux sèche, puis grasse, une expiration sifflante et un encombrement dû à une hyper sécrétion au niveau des bronches, ce qui entraine une gêne respiratoire." Une maladie qui dure en moyenne une semaine, avec "une phase d’aggravation, puis un plateau où la situation se stabilise, enfin une phase d’amélioration et de guérison."
Déboucher le nez
Quoi faire face à une bronchiolite ? Etant d’origine virale, "les antibiotiques ne servent à rien et il n’y a pas d’anti viraux suffisamment efficaces sans trop d’effets secondaires." souligne le Pr Gillet. Le seul traitement reste alors symptomatique, avec principalement le lavage de nez. "Un bébé ne respirant que par le nez, il faut déboucher !" D’où le recours au sérum physiologique pour le dégager. Un traitement donc nécessaire, "même si c’est vrai que les bébés n’aiment pas trop !". Quant à la kinésithérapie respiratoire, elle reste aujourd’hui controversée : en 2019, la Haute Autorité de Santé l’a déconseillée aux nourrissons de moins de 12 mois pour traiter un premier épisode de bronchiolite aiguë.
Signes d'alerte
Généralement bénigne, la bronchiolite peut cependant se révéler plus grave et entrainer une hospitalisation d’urgence. Dans quel cas ? "Il y a d’abord le contexte." précise le Pr Gillet : "Un bébé de moins de 6 semaines, à fortiori s’il a des antécédents cardiaques, respiratoires, né prématuré ou en déficit d’immunité, ça doit inciter à la vigilance." Mais quels signes d’alerte ? "Des gènes respiratoires intenses et plus de fatigue que d’habitude.".
Autre élément : la difficulté à s’alimenter. "L’enfant est tellement essoufflé qu’il a du mal à prendre le sein ou le biberon, voire ne s’alimente plus du tout." Mais pas besoin de se précipiter chez le pédiatre pour un simple encombrement nasal. "La gravité, ce n’est pas la durée." souligne l’urgentiste. "Si l’enfant continue à manger normalement et n’est pas trop gêné, on patiente !"
Deux nouveaux traitements préventifs
Services d’urgence saturés, hôpitaux débordés. Jusqu’ à ces dernières années, les épidémies de bronchiolite étaient particulièrement redoutées. Mais deux traitements préventifs ont fait leur apparition depuis 2022 : pour les bébés, des anti corps monoclonaux dirigés spécifiquement contre le virus VRS. Administrés "dans l’idéal" dès la naissance, ils protègent l’enfant pendant 5 mois.
Autre nouveauté : un vaccin pour les femmes enceintes. Injecté dès la 32e semaine de grossesse, et à partir de septembre, il laisse le temps de fabriquer et transmettre une immunité aux futurs nourrissons. Coté effets, les résultats sont visibles : "Les deux derniers hivers ont été beaucoup plus calmes à l’hôpital pédiatrique." constate le chef des urgences à l'Hôpital Mère-Enfant. "Avec des diminutions de durée d’hospitalisations et de réanimation. Et plus c’est grave, plus c’est efficace !"
Gestes "barrière"
En parallèle, quoi faire pour limiter la propagation des virus ? "Le port du masque est efficace, mais pas suffisant." rappelle le Pr Gillet "Il faut donc insister sur le lavage des mains avant de toucher le bébé, notamment avec du gel hydro alcoolique pour les frères et sœurs rentrant de l’école et pouvant être porteurs du virus." Aérer aussi quotidiennement la chambre et les pièces à vivre, nettoyer régulièrement tétines, doudous et jouets. Et respecter des distances de sécurité. Un mètre minimum. "Un bébé, on l’admire. Mais de loin. On ne s’approche donc pas trop." Et de rappeler que "C’est nous qui avons besoin d’embrasser le bébé. Mais le bébé n’a pas besoin de baisers. Il a besoin de ses parents. Et les seuls qui y ont droit, c’est Papa et maman !"
A noter une étude inédite menée sur l'agglomération lyonnaise pour déterminer les facteurs favorisants une hospitalisation. Les détails expliqués en fin d'émission par le Dr Jean-Sébastien Casalegno, virologue au centre de référence de la grippe des HCL
Pour aller plus loin :
La fiche complète sur la bronchiolite éditée par les Hospices Civils de Lyon : https://www.chu-lyon.fr/bronchiolite


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