Ajuster son estime de soi, le nouveau podcast RCF avec Panorama

Dans le podcast "Ajuster son estime de soi", vous donnez des conseils pour avoir confiance en soi et apprendre s’aimer soi-même. Cela peut être une bonne résolution pour la nouvelle année ?

Traditionnellement, quand on pense "bonnes résolutions", il s’agit de se tourner vers les autres. Cette fois-ci, l’idée est de penser à soi, pour mieux penser aux autres. Le développement personnel a longtemps suscité la méfiance des catholiques car considéré comme trop « nombriliste ». Dans le hors-série de Panorama dont est tiré le podcast, nous proposons de prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres, dans une perspective chrétienne. Au fil des pages, le lecteur chemine, accompagné par la phrase de Jésus : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même."

 

---

VOIR LE PODCAST > AJUSTER SON ESTIME DE SOI

---

 

Dans le hors-série, vous parlez de "Renouer avec la sagesse chrétienne" : comment peut-on définir ce mot de sagesse ?

Avec ce hors-série, nous souhaitons, comme le pape François nous y engage, aller aux périphéries. Vers ceux qui s’intéressent au développement personnel, qui vont chercher les clés du bonheur dans les sagesses orientales ou amérindienne, dans le new age… Mais il existe une sagesse chrétienne. La tradition chrétienne et la Bible sont des mines de sagesse, un tas d’or qui alimente un art de vivre chrétien.

 

Marie-Christine Vidal, rédactrice en chef de Panorama

 

Bernard Campan et Alexandre Jollien, les héros du film "Presque" (en salles le 26 janvier), font la couverture du hors-série. Est-ce le film qui a inspiré le thème de ce hors-série ? 

J’avais ce projet en tête depuis un moment. En voyant les librairies couvertes de livres de développement personnel, je regrettais que les chrétiens ne prennent pas plus la parole sur le sujet. La sortie du film Presque a fait tilt. Alexandre Jollien est chrétien mais aussi très inspiré par le bouddhisme. Avec son ami Bernard Campan, nous pouvions aborder trois thèmes : comment s’ estimer soi-même quand on est porteur d’un handicap ? Comment ne pas avoir une fausse estime de soi de quand on est célèbre ? Et comment une amitié aussi solide comme la leur peut aider à ajuster son estime de soi ?

 

Vous avez réalisé une interview très touchante de Bernard Campan et Alexandre Jollien : en la lisant, on a l’impression que parler de l’estime de soi c’est tout de suite aborder des questions intimes. C’est aussi votre sensation ?

Oui, forcément. On parle de "soi", de "moi"... Alexandre et Bernard se sont prêtés au jeu avec bienveillance, avec une complicité très touchante. Très vite, Alexandre a confié son embarras sur le mot "estime" qui évoque la mesure, la comparaison. Nous avons donc aussi parlé de confiance, d’amour de soi. 

 

Les propos de Bernard Campan le montrent : c'est souvent difficile de s’aimer soi-même. À votre avis, pourquoi ? Est-ce lié à notre époque ?

Sans doute l’époque accentue-t-elle le trait. Avec Internet et les réseaux sociaux, l’on vit très exposé au regard permanent des autres sur soi. L’apparence, l’image prennent une place énorme. C’est un cocktail très délicat, pas facile à gérer ; on le voit notamment avec les adolescents dont les réseaux sociaux captent une grande partie de l’attention et du temps libre. Les réseaux sociaux, s’ils peuvent être des outils efficaces de mise en lien ou d’ouverture sur le monde, peuvent aussi  amplifier, exagérer. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de proposer un parcours pour "ajuster" l’estime de soi plutôt que pour la "développer". Dans notre vision chrétienne, l’estime de soi permet la relation. Or une estime de soi développée à l’excès empêche la relation. 

 

Les catholiques s’intéressent de plus en plus au développement personnel. Certains ont su y puiser des outils pertinents

 

Dans le hors-série il y a ce poème de Marie Noël, "Connais-moi". Ce texte résonne comme un cri de l’auteure qui désire être aimée pour ce qu’elle est et en même temps on sent l’expression d’une impossibilité à savoir qui on est vraiment. C’est très poignant, presque violent ?

Est-on le mieux placé pour se connaître soi-même ? C’est le travail de toute une vie. Je crois que ce hors-série a quelque chose d’universel et d’intergénérationnel. J’ai été étonnée de voir que des jeunes de 20 ans, en pleine construction de leur vie, ont pu être aussi touchés et concernés par ce mook que des sages de 80 ans. 

 

On parle beaucoup d’identité aujourd’hui : a-t-on besoin de savoir qui on est pour s’aimer soi-même ? 

C’est une étape mais je pense que ce n’est pas suffisant. À mon sens, la relation avec l’autre est essentielle. 

 

D’un autre côté, en lisant dans le hors-série, l’extrait du livre "Une vie bouleversée" d’Etty Hillesum, on ressent une grande tendresse, dans son regard sur les autres et sur soi-même...

L’idée était d’offrir des beaux textes pour proposer ce cheminement : se connaître soi-même, pour mieux s’aimer et pour mieux aimer les autres. Au fil des pages, nous proposons aussi de réfléchir à la rencontre avec l’Autre, avec un grand A. Avec des textes qui ouvrent à la relation avec Dieu.

 

Et avec saint Augustin, on comprend que s’aimer soi-même c’est faire en soi de la place à Dieu, le tout Autre… 

Oui. Nous avons voulu montrer toute la richesse du patrimoine humain des chrétiens. Avec des hommes, des femmes de tous les siècles, exerçant différents métiers - psychanalyste, avocat, philosophe, médecin, danseur... - pour dire le côté universel de la culture chrétienne.

 

Dans le hors-série il y a des portraits qui évoquent différents aspects de l’estime de soi : Claire d’Assise, Mère Teresa, Denis Mukwege… Lequel est le plus marquant pour vous ?

Cette série de portraits - 12 chrétiens experts de l’estime de soi à travers 2000 ans d’histoire - se tient parce que ces personnes sont complémentaires. Mais j’aime bien  le pas de côté que nous avons fait en proposant le bon larron. Celui qui ose demander à Jésus : "Souviens-toi de moi ". Celui qui arrive à dire "moi" alors qu’il est considéré comme le dernier des derniers. 

 

Finalement, est-ce qu’il n’est pas temps de remettre les choses à l’équilibre chez les catholiques et de dire que l’estime de soi est aussi importante que l’amour du prochain ?

Je pense que les catholiques en sont de plus en plus conscients. Certains ont su puiser dans le développement personnel des outils pertinents : je pense au père Lionel Dalle, dont le parcours, inspiré de son livre "Le miracle de la gratitude" (éd. Emmanuel, 2019), se répand dans les paroisses. Avec ce hors-série, j’aimerais que les personnes qui sont méfiantes vis-à-vis de l’institution Église, puissent se dire que l’Église, c’est aussi 2000 ans de sagesse.

 

---

Hors-série Panorama, 7,90€, 116 pages. Disponible en kiosque et en librairie religieuse jusqu’au 15 mars 2022, ou sur internet