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Yves Sente, de la bulle au thriller : le scénariste se lance dans le roman avec « L’expérience pentagramme »

Yves Sente, de la bulle au thriller : le scénariste se lance dans le roman avec « L’expérience pentagramme »

Un article rédigé par Théo Leunens - le 21 mai 2025 - Modifié le 21 mai 2025
Enlivrez-vous"L'expérience pentagramme" d'Yves Sente

Scénariste reconnu de séries emblématiques comme Blake & Mortimer, XIII ou Thorgal, Yves Sente publie son tout premier roman, L’expérience pentagramme, aux éditions Verso. Un thriller qui mêle complot militaire et mysticisme entre la Belgique et les États-Unis. Rencontre avec un auteur passionné, amoureux des histoires bien construites et des recherches minutieuses.

Crédit Photo : Adrien ChardomeCrédit Photo : Adrien Chardome

Tout commence par un cadeau de Saint-Nicolas. Au milieu des cadeaux, un album de Tintin au Congo capte l’attention du jeune Yves Sente. À 6 ans, c’est une révélation : il deviendra passionné de bandes dessinées. Dès l’enfance, il se met à créer ses propres planches, à étudier la structure des récits, à imiter ses auteurs préférés. La lecture devient un terrain d’exploration. À la bibliothèque, il emprunte ses BD favorites, mais ses parents l’obligent à prendre également des romans « sans images ». Il s’y habitue, il s’y attache, et découvre ainsi une autre manière de raconter.

Très tôt, il se passionne pour des titres comme Blake & Mortimer, qui l’impressionne par sa densité textuelle et la maturité de ses personnages. Contrairement aux héros de son âge, il lit ici des adultes, dans un monde complexe. Plus tard, il découvre XIII, Largo Winch, et d’autres figures qui deviendront les siennes en tant que scénariste. Ce goût pour la narration ne l’amène pas directement vers les arts, puisqu’il choisit d’abord des études de droit. Il envisage même une carrière diplomatique, mais la vie et un certain hasard l’oriente vers un tout autre chemin.

Le scénario comme discipline et tremplin

À la fin de ses études, Yves Sente cherche un emploi temporaire en attendant de passer un concours pour devenir diplomate. Il répond à une annonce pour un poste de rédacteur en chef aux éditions Le Lombard, maison mythique de la bande dessinée. Il est embauché. Ce qui devait être une parenthèse devient un tournant : au bout de deux ans, il comprend qu’il ne quittera plus cet univers. Il y découvre une culture de passion et surtout, la possibilité de renouer avec ses premiers amours.

En 2000, il franchit une nouvelle étape : il devient scénariste de Blake & Mortimer. La série, relancée en 1996 après une longue absence, connaît un grand succès. Le premier tome du renouveau a été lent à produire, le deuxième prend encore plus de temps. L’éditeur décide alors de constituer une seconde équipe. Yves Sente, bien qu’employé de la maison, choisit d’envoyer un scénario anonymement, pour éviter toute sorte de favoritisme. Son texte séduit, il révèle sa véritable identité, et obtient la mission de continuer l’aventure.

L’exercice est exigeant : il faut respecter les codes établis par Jacobs, le créateur de la série, tout en insufflant une touche contemporaine. Yves Sente s’en sort avec brio. Il connaît l’univers depuis ses dix ans, il s’y est immergé pendant des décennies. 

On essaie de faire du Blake & Mortimer, mais en faisant l’album qu’on aimerait lire en plus.

Le roman, un souffle de liberté

Depuis longtemps, Yves Sente caressait l’idée d’écrire un roman. Mais entre les scénarios, les délais, les collaborations, le temps manquait. Il y a deux ans, quelques mois de liberté se présentent, et il décide de se lancer. Dix mois plus tard, L’expérience pentagramme voit le jour : un thriller de 500 pages, dense et riche. L’intrigue mêle plusieurs personnages : un journaliste américain, une militaire, et une voix intérieure qui les pousse à rejoindre l’Europe, direction Waterloo. Tous se révèlent liés par un mystérieux fil rouge, qui remonte jusqu’à une enquête top secrète de la DARPA, l’agence américaine pour les projets de recherche avancée.

Ce qui frappe dans ce roman, c’est le soin du détail, la précision documentaire, le goût de la vérité tissée dans la fiction. Yves Sente a longuement enquêté sur la DARPA, son fonctionnement, ses missions réelles. Pour lui, la recherche est une composante fondamentale de l’écriture : « C’est la moitié du plaisir », dit-il. L’autre moitié, c’est la liberté d’écriture. Contrairement à la BD, où il faut respecter un nombre de pages, de cases, de descriptions invisibles, ici tout est permis. Il peut développer les dialogues, peaufiner les descriptions, explorer les états d’âme.

Pas de contraintes de pages ou de dessins qui obligent toujours à se freiner un peu. Là, je me suis lâché ! 

Un pont entre deux mondes narratifs

L’expérience pentagramme n’est peut-être que le début d’une nouvelle saga !  Sur la couverture, une mention annonce qu’il s’agit de « la première enquête de Waya Wings », la cheffe de la sécurité de la DARPA. Une héroïne en devenir, promise à d’autres aventures. Yves Sente ne s’interdit rien. Il y voit un potentiel de série quasi infini, un terrain fertile pour croiser science, géopolitique et mystère. L’influence de Michael Crichton, auteur de Jurassic Park, est bien présente : une science rigoureuse, qui bascule vers la fiction avec une question simple mais puissante : « on sait que la science va jusque-là aujourd’hui mais… et si ? » 

Pour autant, le romancier ne tourne pas le dos au scénariste. Il continue à écrire pour Blake & Mortimer, XIII, Thorgal. Il espère désormais alterner entre roman et bande dessinée, deux formats qui nourrissent deux plaisirs distincts. La BD lui offre la rigueur, l’écriture encadrée, le dialogue constant avec le dessinateur. Le roman, lui, lui donne de l’espace.

Chez Yves Sente, on retrouve une constante : l’amour des histoires. Bien construites, bien documentées, toujours ancrées dans le réel mais capables de nous emporter ailleurs. Des histoires qui ne se contentent pas seulement de divertir, mais qui questionnent, intriguent, captivent. Que ce soit dans une planche de BD ou dans les pages d’un roman, l’envie reste la même : celle de raconter.

© unsplash photo de Marco-Paulo Prado
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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