Vote en première lecture de l’aide active à mourir, la réaction de Mgr D’ornellas à Rennes
L'aide active à mourir a été adoptée ce mardi soir en première lecture à l'Assemblée nationale. La proposition de loi va poursuivre la navette parlementaire au Sénat. L'archevêque de Rennes, Monseigneur Pierre d’Ornellas, appelle à un sursaut de réflexion autour de la fraternité.
L'archevêque de Rennes Monseigneur Pierre d'Ornellas ©RCF AlphaL'Assemblée nationale a approuvé en première lecture ce mardi 27 mai la création d'un droit à l'aide à mourir par 305 députés pour et 199 contre. Les députés ont également approuvé la proposition de loi relative aux soins palliatifs et d’accompagnement, cette fois-ci à l’unanimité. Les deux textes doivent désormais poursuivre leur parcours législatif au Sénat, avec un examen annoncé à l’automne. La ministre de la santé, Catherine Vautrin, a affirmé son souhait que le texte soit adopté d'ici à 2027.
L'aide à mourir est une rupture anthropologique majeure, selon l'archevêque de Rennes, monseigneur Pierre d'Ornellas, qui avait été auditionné au printemps dernier par la commission des lois avec d'autres représentants du culte.
“Je ne sais pas comment des députés peuvent vivre avec cette immense contradiction dans leur conscience. D'une part, ils votent pour les soins palliatifs, c'est-à-dire pour une équipe pluridisciplinaire où le patient est au cœur et on se met au service du patient et ainsi le médecin a bien conscience qu'il n'est pas tout puissant.
Et d'un autre côté, ils votent une loi sur l'aide à mourir où le médecin est tout puissant puisque c'est lui qui dit à un patient "Toi, tu es éligible à l'aide à mourir et toi tu n'es pas éligible [avec des] critères d'un flou extraordinaire ! En phase avancée, personne ne sait ce que ça veut dire. La Haute autorité de santé a bien précisé qu'il n’y avait aucune possibilité de dire des critères objectifs à partir de cette expression."
"Quand on parle de rupture anthropologique, on a parfaitement raison."
“Il me semble qu'il y a quelque chose d'irrationnel, quelque chose de non réfléchi Et personnellement en suivant quelquefois les débats à l'Assemblée nationale, j'ai senti que parfois il n'y avait pas de réponse apportée à des questions de fond. Comme si on n'était pas capable de réfléchir sur qu'est-ce que c'est le soin, qu'est-ce que c'est la fraternité, qu'est-ce que c'est la conception de la société ? Il me semble que quand on parle de rupture anthropologique, on a parfaitement raison.
Il y a quelque chose d'une ruse, d'un piège du libéralisme poussé à outrance. Et il me semble que la réflexion n'a pas fini d'être menée et j'espère qu'il y aura un sursaut de réflexion, de travail intellectuel, pour réfléchir sur les questions de fond : ce qu'est un être humain, ce qu'est une société, ce qu'est la véritable fraternité.
Personnellement, je n'arrive pas à comprendre que la fraternité consiste à couper les liens. Je suis ton frère mais j'arrête d'être en relation avec toi parce que je mets en œuvre la potion létale pour que tu meures. Mais pourquoi appeler ça de la fraternité ? C'est un piège des mots, c'est un mensonge. Il me semble qu'il y a quelque chose de grave qui est en train de se passer."
Nous sommes dans une crise de l'humanisme.
"Nous sommes dans une crise de l'humanité et c'est une crise de gens riches et nantis parce que cette crise, elle n'existe pas dans la plupart des pays du monde. Il y a quelques pays qui suivent cette voie de l'euthanasie et du suicide assisté.
Je souhaite que les citoyens français s'engagent dans la réflexion profonde, prennent du temps pour travailler intellectuellement et ensuite puissent parler à nos hommes et à nos femmes politiques afin qu'ils réfléchissent de façon sérieuse sur sur ce qu'est l'être humain, ce qu'est la fraternité, ce qu'est le soin, ce qu'est la société."
