"Vivre avec 5 euros pour manger et se chauffer" : la pauvreté s'accroît en Savoie et en Haute-Savoie
Le Secours Catholique publie ce jeudi 20 novembre son trentième rapport statistique annuel sur l’état de la pauvreté en France en 2025. Plus de 10 000 personnes poussent la porte chaque année du Secours Catholique de la Savoie et de la Haute-Savoie, accompagnées par un millier de bénévoles.
@Alexandre Bagdassarian/SCCFLe Secours Catholique a pour mission première d'accueillir de manière inconditionnelle les personnes en situation de précarité, et de proposer des solutions. 58 000 bénévoles accompagnent un million de personnes qui poussent la porte de l'association en France.
Les femmes et les enfants d'abord
Selon ce rapport, les trois-quarts des mères isolées accompagnées par le Secours Catholique vivent dans l’extrême pauvreté. Près de la moitié des personnes accompagnées sont des enfants. "La pauvreté est subie, en Savoie, nous avons des mamans et des enfants qui dorment dans le parc juste à côté de notre accueil à Chambéry, et se réveillent le ventre vide", raconte Marie-Line Maillet, déléguée en Savoie du Secours Catholique.
Les mères seules font face à un choix impossible : permettre à leurs enfants d'aller à un anniversaire ou sauter un repas
L'extrême pauvreté s'est accrue depuis 2017
Les trois-quarts des ménages accompagnés par le Secours Catholique vivent sous le seuil d’extrême pauvreté. "Quand on évoque l'extrême pauvreté, ça s'apparente à de la survie pour les personnes que l'on accompagne", explique Patricia Spadaro, déléguée au Secours Catholique de Haute-Savoie. "Les personnes que l'on accueille en Savoie ont un reste à vivre chaque jour de 5 euros pour s'habiller, se chauffer et se nourrir", déplore Marie-Line Maillet. La part des ménages français sans ressources a fortement augmenté au sein de l'association. De 3% en 2021à 8% en 2025 parmi les personnes accompagnées par le Secours Catholique.
38% des ménages accompagnés et éligibles au RSA ne le demandent pas. Décrocher le RSA du SMIC, "c'est un échec", déclare Marie-Line Maillet. "En Savoie, nous accompagnons Valérie. Ses parents sont tombés malades, elle est devenue aidante. Elle a ensuite eu un problème de santé. Mais elle essaye d'avoir des petits emplois, des temps partiels, mais elle est confrontée à sa fragilité et à des problèmes de mobilité", complète la déléguée de l'association en Savoie.
Avoir un travail n'est plus la garantie d'échapper à la pauvreté
Décrocher un job, ou un contrat de travail en CDI, n'est plus la garantie d'une vie convenable. 3 personnes rencontrées sur 10 par le Secours Catholique ont un emploi en CDI. Une proportion en forte augmentation sur ces 10 dernières années. "En Haute-Savoie, le coût de la vie est faramineux. Ces emplois sont des emplois précaires. Des CDI à temps partiel subi pour les femmes surtout, dans le tourisme, la restauration, les commerces, les services", explique Patricia Spadaro.
La leçon à tirer, l'emploi aujourd'hui n'est pas protecteur, il n'empêche pas d'être pauvre.


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