Violences sexuelles : Les enfants parlent quand ils sentent qu’ils peuvent être entendus
La Ciivise, commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, faisait étape à Bordeaux vendredi 19 novembre. Son objectif est de recueillir la parole de ceux et celles qui ont subi ces violences et de sensibiliser la société sur l’importance de dire, d’entendre aussi la réalité.
Plus de 6000 témoignages ont déjà été recueillis depuis le 21 septembre par la Ciivise, commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. La commission a été créée le 23 janvier dernier par le Président de la république Emmanuel Macron ; elle est présidée par le juge pour enfants Edouard Durand et la directrice générale de l’association Docteurs Bru, Nathalie Matthieu.
Après Nantes, une deuxième réunion publique se déroulait à Bordeaux, à l’Ecole Nationale de la magistrature, vendredi 19 novembre. Une occasion nouvelle pour la Ciivise de recueillir les témoignages des victimes présentes dans la salle. Il faut dire que le phénomène est d’ampleur : chaque année 160 000 enfants subissent des violences sexuelles. Mais comme l’a noté une pédopsychiatre présente à la réunion, il faut parfois du temps pour accepter d’entendre l’enfant qui va s’exprimer seulement quand il se sent autorisé.
«Les enfants, quand ils sentent qu’ils peuvent être entendus, ils parlent, s’ils sentent qu’on n’entend rien, ils se taisent. Moi j’ai eu la chance de rencontrer dans mon parcours professionnel des enfants qui m’ont appris mon métier, des parents aussi et j’ai alors découvert une autre surdité ! Une fois qu’on est sorti de la sienne, on découvre la surdité d’une société, la surdité de la justice. »
Ecouter l’enfant est pourtant capital, il en va de son équilibre, a indiqué le juge pour enfants Edouard Durand.
« Un enfant qui révèle des violences et qui n’est pas protégé immédiatement perd confiance dans le monde des adultes et un enfant qui révèle des violences et qui perçoit dans le regard de l’adulte à qui il parle qu’il n’est pas cru, risque un effondrement psychique. Il est donc nécessaire de choisir aujourd’hui qui ont veut protéger ».
Vendredi, une centaine de personnes étaient présentes dans l'amphithéâtre Simone Veil. Beaucoup de femmes, un homme également, ont exprimé leur témoignage, comme cette jeune femme de 19 ans, qui a exposé sa vie, des sanglots dans la voix.
«Avec ma sœur, j’ai été victime d’inceste par mon père, pendant quelques années. Ma sœur a pu en parler avec lui mais il a nié le fait qu’il a fait quelque chose avec moi et lui a dit qu’elle ne lui disait pas non. Une semaine après cette discussion, il a été porté disparu et un mois après on nous a annoncé son suicide. »
«Est ce que vous avez toujours une aide psychologique ?» lui demande celui qui préside la réunion, Edouard Durand.
«Parce qu’il y a des services ici qui pourraient vous orienter vers des aides, ce à quoi nous voulons être vigilants pour vous et votre soeur», a-t-il ajouté.
Pour contacter la Ciivise
0 805 802 804 (appel anonyme et gratuit)
0 800 100 811 depuis l’Outre mer
www.ciivise.fr
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