Nice
À l’hôpital ou en libéral, les soignants de plus en plus victimes de violences. En France, elles ont doublé en 20 ans selon l’Ordre des médecins. Face à cette situation, plusieurs organisations professionnelles de santé appellent ce mercredi à une journée nationale de mobilisation.
Les soignants arrivent à saturation face aux violences verbales et physiques. Cette journée de mobilisation ce mercredi vise à dénoncer une insécurité grandissante dans les établissements de santé et cabinets médicaux et à exiger des mesures immédiates pour protéger les professionnels de santé. Selon l’Ordre des médecins en 2023, les violences signalées, verbales ou physique ont augmenté de 27 %. "La plupart, trois quarts des agressions, c'est des insultes ou des menaces, mais les violences physiques sont aussi en forte hausse, et on a très régulièrement des remontées un peu partout. C'est tous les jours, trop, c'est trop, à un moment, il faut que ça cesse" estime le Dr Frédéric Paing, médecin généraliste à St Lo, dans la Manche, membre du Collectif Santé en Danger.
Mais les violences ne concernent pas que les médecins, infirmières, kinés ou pharmaciens sont aussi concernés. Selon l’Ordre des pharmaciens, en moyenne, 40 agressions sont déclarées chaque mois. En 2023, 475 ont été comptabilisées soit une hausse de près de 30 % par rapport à 2022. "On a une explosion des agressions dans les pharmacies. On a des attaques à main armée, des cambriolages, des agressions physiques, en plus des agressions verbales qui sont quotidiennes" précise Philippe Besset, président de la Fédération des Syndicats des Pharmaciens de France.
L’initiative du 12 mars a été portée par le Dr Saïd Ouichou, médecin généraliste à Marseille. Il dénonce une réponse judiciaire inadaptée aux agressions de soignants :"On demande une criminalisation de l'agression des soignants. L'outrage aux soignants doit être un délit. Nous voudrions que le législateur donne un outil aux juges pour rendre des sanctions plus fermes face aux agressions". Le Collectif du 12 mars demande l’application systématique d’une circonstance aggravante lors d’agressions ayant entraîné une ITT inférieure à huit jours et un renforcement de la sécurité des cabinets et établissements de santé. Les syndicats de professionnels de santé considèrent que ces violences sont sans doute sous-estimées, car toutes les victimes ne portent pas plainte ou ne se signalent pas à leur ordre.
Les statistiques de ces violences montrent qu’elles sont plus fréquentes dans les villes ou départements marquées par la désertification médicale. Cette situation révèle une crise plus large du système de santé."Il est évident que délais d'attente, les difficultés d'accès aux soins et aux traitements génèrent de l'impatience, Toutes les difficultés qu'on connaît dans le système de santé, le manque de moyens, le manque d'accès aux spécialistes, aux généralistes, les difficultés d'accès aux urgences génère de la frustration avec des débordements" constate le Dr Paing. "On comprendre que les gens ne se satisfassent pas d'un système de santé dégradé, mais la violence ne peut pas être la réponse" ajoute le praticien.
Protéger les soignants, c’est aussi préserver le système de santé car les violences verbales ou physiques laissent des traces chez les soignants. "Alors que nous avons des difficultés a recruter des soignants ce n’est pas très vendeur" confie le Dr Paing. Le Dr Saïd Ouichou lui s’inquiète de "départs en retraite accélérés", consécutifs à des agressions. Ce médecin appelle donc l’Etat à réagir face à la dégradation du système de santé.
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