Violences au Bon Pasteur : « Nous demandons pardon »
Début juin, l'association Mouv'enfant et d'anciennes "mauvaises filles" du Bon Pasteur ont manifesté devant la maison mère de la congrégation à Angers. Victimes de violences dans leur jeunesse, elles réclament aujourd'hui réparation et dénoncent le silence des religieuses. Les sœurs, elles, réitèrent leurs excuses et espèrent retrouver le chemin du dialogue.
Manifestation devant le Bon Pasteur à Angers © RCF Anjou 2025C’était début juin, à Angers. Devant l’entrée généralement paisible de la Maison mère de la congrégation du Bon Pasteur, des slogans ont retenti. Sur le sol, une fausse scène de crime, des mains brandissent des pancartes où il est inscrit « Stop impunité ! », et sur la porte d’entrée de l’établissement, un message cinglant est sauvagement collé : « Crimes contre l’humanité ». Une action « choc » organisée par l’association « Mouv’enfant » (qui lutte contre la pédocriminalité). Leur objectif ? Réclamer des excuses de la part de l’Etat et de la communauté religieuse pour les violences commises contre des jeunes filles il y a plusieurs dizaines d'années. Placées au sein des institutions du bon Pasteur en France, souvent sur décision judiciaire, entre les années 40 et 80, près de 35 000 « mauvaises filles » comme on les appelaient, auraient été maltraité selon l’historien et maître de conférence à l'Université d'Angers, David Niget.
« Encore une fois, nous demandons humblement pardon »
Des mots et slogans qui résonnent encore dans la tête de Sœur Magdalena Franciscus, membre de l’équipe provinciale de la congrégation du Bon Pasteur à Angers « C'est violent. Quand on entend ces accusations de crimes contre l'humanité, on reste abasourdi ». La religieuse l’assure, la communauté est consciente des souffrances qui ont été infligées aux jeunes filles confiées au Bon Pasteur. Face aux accusations de déni, Sœur Magdalena Franciscus se défend « je me souviens avoir demandé pardon dans deux interview (en 2022 sur RCF Anjou et sur France Inter), mais je le répète, en mon propre nom et en solidarité avec mes sœurs du passé, si elles ont commis des abus, si elles ont commis des violences, je demande du fond du cœur : pardon ». Des excuses qui ne semblent pas être parvenue aux oreilles de certaines victimes.
Un dialogue définitivement rompu entre les deux parties ?
Face à ces révélations de violences, la congrégation n’est pas restée immobile ces dernière années. Tous les dossiers présents dans les archives du Bon Pasteur ont été ouverts, les sœurs ont proposé de mettre en place une cellule d’écoute et une commission indépendante a été lancée pour faire la lumière sur tous les faits liés à cette sombre période du Bon Pasteur. Malheureusement, selon Sœur Magdalena Franciscus, l’association des victimes n’a pas souhaité collaborer aux deux derniers dispositifs.
Malgré ces démarches, aujourd’hui, le dialogue semble définitivement rompu entre les deux parties. D‘ailleurs, Evelyne Le Bris, la représentante du Collectif des victimes des institutions du Bon Pasteur, l’a clairement exprimé lors de l’action début juin : « je n’ai pas envie de leur parler ». Une situation qui ne fait pas désespérer Sœur Magdalena Franciscus.
Ce que l'on souhaiterait, c’est pouvoir renouer un dialogue, se rencontrer, écouter leur souffrance, et essayer de trouver un chemin pour, peut-être, guérir d’un mal passé.


Qu'elle soit politique, économique, associative, culturelle ou religieuse, du lundi au jeudi, en direct à 18h40, Thomas Cauchebrais reçoit ceux qui font l'actualité de l'Anjou.
