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Vincent Foucher: "les Sénégalais estiment que la France s'est refermée"
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Vincent Foucher: "les Sénégalais estiment que la France s'est refermée"

RCF,  -  Modifié le 27 juin 2021
L'Invité de la Matinale Vincent Foucher: les Sénégalais estiment que la France s'est refermée
Retour sur la visite du président Macron au Sénégal et sur ses enjeux. Le chef de l’Etat est arrivé jeudi soir à Dakar.
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Les relations franco-sénégalaises, une histoire ancienne

En tant que partenaire historique du Sénégal, la France occupe une place forte dans le cœur des Sénégalais. 'La France est un lieu avec lequel le Sénégal a une histoire ancienne. Les migrations sénégalaises en France ne datent pas d’hier. La France attire encore un certain nombre d’étudiants sénégalais même si les Sénégalais commencent à regarder ailleurs, estimant que la France s’est fermée' explique Vincent Foucher, chargé de recherche au CNRS, spécialiste de l’Afrique.

Cela dit, l’image de la France s’est dégradée au fil des ans. 'Il y a cette histoire de fermeture. Le sentiment d’une vieille relation à laquelle la France devient un peu moins sensible. Il y a un sentiment de désintérêt français pour l’Afrique de l’Ouest. En même temps c’est un pays francophone, il y a des relations très étroites au sein des élites. On est ici en famille, mais comme dans chaque famille, il peut y avoir des ressentiments' ajoute ce spécialiste de l'Afrique.
 

Un milieu économique français très fort

Le Sénégal étant un partenaire économique important pour la France, on comprend mieux les enjeux de la visite d’Emmanuel Macron à Dakar. 'Il y a de grandes entreprises françaises comme Orange, qui ont une présence forte au Sénégal. Le Sénégal est aussi un partenaire diplomatique. Il bénéficie d’une bonne image internationale. C’est un pays stable, démocratique, où il n’y a pas eu de coup d’Etat, où il y a une gouvernance relativement appréciée. C’est un bon élève en Afrique de l’Ouest. Et avec tous les enjeux terroristes au Sahel, le Sénégal est un partenaire avec lequel il est bon de discuter' précise ce spécialiste de l’Afrique.

Toujours sur l’aspect économique, 'il y a 20 000 Français résidant au Sénégal. Parfois des binationaux mais de nombreux expatriés français travaillant pour des entreprises. Il y a aussi une forte communauté franco-libano-sénégalaise qui joue un rôle décisif dans les affaires. Il y a également une présence de banques françaises avec les filiales liées à la BNP et à la Société générale. Tout un milieu d’affaires très dynamique même si l’on remarque la montée d’autres réseaux économiques, comme la Chine entre autres' analyse Vincent Foucher.
 

L'enjeu de l'éducation au Sénégal

Durant le déplacement présidentiel, il sera également question d’éducation. Un domaine dans lequel la France peut jouer un rôle important dans ce pays. 'On est dans un pays jeune, où on a eu une massification scolaire dans les années 2000, et l’on a des problèmes de qualité d’enseignement. Au fond, on n’a pas pris le temps de développer et d’institutionnaliser une éducation de qualité. C’est un dossier sur lequel il faut travailler. Par ailleurs, on a un vrai renforcement de l’enseignement supérieur au Sénégal, avec l’ouverture d’universités étrangères. Il y a une redéfinition du secteur de l’éducation au Sénégal dans lequel on peut espérer que des acteurs français auront un rôle à jouer' précise-t-il.

On l’aura compris, le Sénégal est confronté à plusieurs défis en ce début d’année 2018. 'On est face à un pays qui a une trajectoire plutôt positive. On a vingt ans de croissance continue, une croissance forte. De fait, on voit bien une amélioration des services. L’Etat a de plus en plus d’argent car la fiscalisation s’améliore. Il peut davantage investir. On est dans une phase positive après des années assez tendues. Les difficultés du reste de la région soulignent le fait que le Sénégal s’en sort bien. Maintenant on est dans un pays où une population énorme de jeunes a des problèmes de formation, et d’accès à l’emploi' lance encore Vincent Foucher.
 

La question de la Casamance

Reste le problème de la Casamance, où une rébellion tient tête à l’État, et commet régulièrement des exactions contre les populations locales, et les touristes. 'Cette région du Sud du Sénégal est un peu détachée du reste du pays. Elle fait face à une rébellion séparatiste depuis le début des années 80, qui a eu une phase très violente au cours des années 90 et qui au fur et à mesure des années 2000, s’est tassée. Il y a une sorte d’accord tacite, les rebelles restent dans le coin et le gouvernement sénégalais ne vient pas les chercher' conclut Vincent Foucher.

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