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Véronique Fayet: "ce qui fonde notre contrat social, c'est la solidarité"

RCF,  - Modifié le 3 juillet 2020
L'Invité de la MatinaleVéronique Fayet: "ce qui fonde notre contrat social, c'est la solidarité"
Pour son dernier Grand Invité de l'année, Stéphanie Gallet reçoit Véronique Fayet, la présidente du Secours catholique Caritas France, qui revient sur les trois derniers mois.
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Un déconfinement plus difficile que le confinement

"Le déconfinement semble plus difficile que le confinement. On a vécu pendant deux mois dans un climat anxiogène. La peur s’est installée dans les têtes. Et aujourd’hui, nos bénévoles, qui ont eu du mal à se confiner, sont inquiets, et ont du mal à ressortir. Et la moitié a choisi d’arrêter son engagement au Secours catholique. La peur s’est installée dans les têtes, et c’est assez grave" explique â€‹Véronique Fayet, présidente du Secours catholique Caritas France

"Le confinement a été source de beaucoup d’angoisse dans les familles pauvres, chez les personnes isolées, chez les personnes qui ne sont pas connectées. Des gens qui ont été très seuls. Nous sommes en train de recueillir les témoignages, de vivre ce recueil de paroles qui fait du bien, pour redémarrer petit à petit dans la sérénité" ajoute-t-elle.
 

Le nombre de pauvres en augmentation

Plusieurs cartes de France, concernant la pandémie, commencent à circuler : la carte des contaminations, des foyers infectieux, des morts, des zones pauvres. Et certaines se superposent. Un point qui n’étonne pas Véronique Fayet. "Les personnes vulnérables sont plus souvent en mauvaise santé. Il y a des pathologies en lien avec la pauvreté. On voit régulièrement dans nos rassemblements combien les corps sont marqués par la pauvreté" lance-t-elle.

La pandémie a provoqué un afflux de bénéficiaires au sein du Secours catholique, rappelle Véronique Fayet. Et notamment des personnes qui jusqu’alors arrivaient à joindre les deux bouts, et n’avaient pas eu besoin de l’aide de l’association. "On a vu arriver des travailleurs indépendants qui essayaient de lancer une affaire et qui n’y arrivent pas, beaucoup de jeunes qui enchaînaient les petits boulots, des intermittents du spectacle. Une population très variée qui frappe à notre porte. Il est tout à fait probable que le nombre de pauvres en France augmente de manière faramineuse" analyse la présidente du Secours catholique.
 

Vers un monde plus solidaire et plus juste ?

D’ici quelques jours, on connaîtra la nature précise du remaniement ministériel. "Nous attendons tous un sérieux virage écologique et social. Tout est sur la table. La convention citoyenne a apporté des préconisations assez audacieuses. Le pacte du pouvoir de vivre a fait des propositions depuis un an qui allient transition écologique et solidarité. Il est temps de mettre cela en action. On a découvert pendant la crise que notre bien le plus précieux c’est la santé. On a compris que l’on peut vivre bien sans consommation frénétique. On a vu une belle solidarité. On a vu que ce qui fonde notre contrat social, c’est la solidarité. Il faut continuer sur cette lancée" appelle de ses voeux Véronique Fayet.

Ce monde d’après, pour reprendre l’expression consacrée durant le confinement, le Secours catholique le voit "plus solidaire et plus juste. Les gens ont besoin d’être protégés par un revenu sûr, par un logement, par un travail digne. Il faut vraiment renforcer ce plancher de solidarité et créer un plafond écologique : ne pas consommer l’équivalent de cinq planètes par an" conclut-elle.

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