Vague écolo aux européennes : et après ?
On va parler des élections européennes avec un résultat remarqué des partis écologistes.
On pouvait quand même espérer ce genre de vote après le flot d’informations menaçantes sur le climat, la biodiversité, la pollution atmosphérique. De ce point de vue c’est à peine correct. En regardant les scores écologistes aux européennes année après année, on note une progression régulière.
Mais ça reste des scores toujours du même ordre de grandeur. Une force d’appoint, un sujet d’appoint. La prise de conscience a toujours un temps de retard sur la crise. Et cette crise écologique est une hypothèque sur tout ce qu’on présente comme des sujets plus importants puisqu’il s’agit des conditions de vie de notre espèce. Ce vote, c’est déjà ça mais ça ne suffira pas à changer la donne globale. Ce n’est pas une révolution.
C’est aussi un vote de grandes villes, non ?
Clairement EELV réalise de bons scores dans les grandes villes, sauf dans le Midi. Mais ça va bien au-delà. Il y a un large espace où Europe Ecologie reste sous les 10% au niveau départemental, surtout dans l’est du bassin parisien. Presque partout ailleurs c’est plus de 10%, 15 en Bretagne, 13 dans le Calvados, 14 dans le Lot, 18 en Haute-Savoie.
On a aussi des noyaux verts remarquables en particulier en Drôme, en zone totalement rurale mais avec une agriculture bio et paysanne extrêmement dynamique. Dans le Rhône l’écologie arrive en tête à Cenves qui est une petite commune verte du nord Beaujolais. On ne peut pas réduire ça à un vote des villes.
Qu’est-ce qu’il va falloir maintenant pour transformer ce score en résultats concrets ?
D’abord pour les citoyens ne pas s’arrêter là. Hier tous les partis ou presque se sont rués pour rajouter « écologie, écologie » dans leurs discours, ils ont compris que ça parlait aux Européens, il faut continuer. Faire remonter les attentes aux élus locaux, nationaux, européens, dire qu’on veut des actes.
Manifester, rejoindre les ONG. Du côté des élus, j’ai des attentes sur deux points. D’abord insister sur le fait que l’écologie et le social marchent ensemble, comme l’explique le pape François : l’écologie, c’est au bénéfice de l’homme et notamment des pauvres. Mais surtout, il faut s’emparer du sujet agriculture.
On ne peut pas en rester à chercher des pesticides dans les urines. C’est l’agriculture qui est la plus menacée par le changement climatique et la perte de biodiversité, mais c’est là qu’on trouve le plus de résistances à l’écologie. Donc priorité, sortir de ce malentendu. Rejoindre les agriculteurs, les ONG écologistes qui travaillent déjà avec elles et exiger de Bruxelles une vraie politique agro-écologique.
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