« Une vie à soi » : huit années au cœur d’un village où l’inclusion est un art de vivre
Dans « Une vie à soi », la réalisatrice Aline Le Dunff pose sa caméra à Neufvilles, un village belge où cohabitent, sans barrières, 3 500 habitants et les 500 résidents du Centre Reine Fabiola. Huit ans de tournage pour raconter le quotidien, les amitiés, le travail et l’amour de quatre personnes en situation de handicap qui revendiquent avant tout une vie… comme les autres.
©Une Vie à SoiC’est une recherche pour une émission de France 2, centrée sur des histoires d’amour, qui met Aline Le Dunff sur la voie. La réalisatrice souhaite alors explorer les relations amoureuses de personnes en situation de handicap, un milieu qui l’intéresse depuis longtemps. Mais les centres français qu’elle contacte se montrent frileux. Elle tombe ensuite sur le Centre Reine Fabiola, à Neufvilles, en Belgique. Elle appelle, expose son idée, et l’accueil enthousiaste qu’elle reçoit déclenche un véritable déclic.
Très vite, Aline Le Dunff élargit son horizon. L’amour sera bien sûr au cœur des histoires, mais le lieu et ses habitants lui inspirent un projet plus ample : raconter des vies entières, leurs élans, leurs contradictions, leurs projets, leurs difficultés et leurs joies, surtout leurs joies. Le centre accepte de l’accompagner. Le tournage se déroulera finalement sur huit ans, par périodes, au rythme des protagonistes et de leurs évolutions.
Neufvilles, le village où l’inclusion est une réalité quotidienne
Le documentaire s’ouvre sur un lieu : Neufvilles, un village comme un autre… ou presque. Ici, pas de barrières, pas de murs pour séparer les habitants des résidents du Centre Reine Fabiola. Les 500 pensionnaires vivent au cœur même du village, partagent les commerces, les activités, les espaces publics. Une cohabitation simple, naturelle, qui fait de cet endroit un véritable laboratoire de l’inclusion.
C’est dans ce cadre unique qu’Aline Le Dunff suit quatre personnes, chacune avec son tempérament, ses désirs, ses fragilités et ses forces. Elle filme leur quotidien : le travail, les amitiés, les moments de doute, les histoires d’amour qui se construisent ou s’affirment. Des scènes parfois drôles, souvent touchantes, toujours sincères. La réalisatrice capture l’évolution de ces personnalités sur plusieurs années, révélant leurs projets, leurs émancipations et leur détermination à mener une vie la plus ordinaire possible.
Le film, présenté comme une saga intime, montre aussi combien ce village favorise l’épanouissement. Ici, tout semble possible : s’aimer, emménager ensemble, développer un métier, avoir un chez-soi, rêver et entreprendre.
Redonner la parole à ceux qui vivent l’expérience du handicap
Pour Aline Le Dunff, il était essentiel de proposer une approche moderne, débarrassée de la vision triste ou misérabiliste trop souvent associée au handicap. Elle découvre, en arrivant à Neufvilles, un environnement rempli de joie, de bonne humeur et de spontanéité. C’est cette atmosphère qu’elle veut faire ressentir aux spectateurs.
Elle choisit donc de laisser les premiers concernés raconter eux-mêmes leur vie, leurs sentiments, leurs envies. Pas d’interventions systématiques d’éducateurs ou de professionnels pour parler à leur place : la parole appartient aux personnes en situation de handicap.
Le documentaire montre brillamment que le handicap n’est une limite. Il n’est, pour les personnes filmées, qu’un détail parmi d’autres dans une vie faite de choix, de rêves, de rencontres et de projets.


Donner de son temps, tendre la main, accepter la différence : donnons la parole au monde associatif.
