Une nouvelle saison estivale marquée par les algues vertes en baie de Douarnenez

Ce matin, un vent frais balaye la plage du Ris. La vue est imprenable sur Douarnenez et le port du Rosmeur au loin. Les yeux plissés face à un franc soleil de septembre, Jean Hascoët, président de l'association Baie de Douarnenez Environnement. Cette étendue de sable, il la connaît par cœur. "Je suis né ici, j'ai connu cette plage que vous voyez, l'été. C'était ma plage. On était en 1950, 1960", se souvient-il. 
"Il n'y avait aucune trace d'algues vertes, enfin en tout cas sans aucune trace de marée verte, parce qu'il faut savoir que l'algue en question, c'est une algue qui existe, évidemment. Ça, c'est pas le problème. Le problème, c'est que vous avez, juste à côté, à Trezmalaouen , des moments où vous avez entre 50 centimètres et un mètre d'algues sur plusieurs centaines de mètres carrés, voire sur plusieurs hectares." En cette mi-septembre, la plage est immaculée, pas une trace d'algue verte sur le sable. Et pourtant ces derniers mois, des tonnes d'algues ont recouvert les plages de la baie de Douarnenez, "entre 6 et 7 mille tonnes d'algues vertes entre mai et septembre sur la baie de Douarnenez", estime Jean Hascoët. Mi-août, par exemple, jusqu’à 3 000 mètres cubes d'algues étaient ramassés sur la plage de Kerlaz comme le rapporte nos confrères de France Télévisions. Un phénomène amplifié, cette année, par des pics de chaleur au printemps, et par un hiver aux températures particulièrement douces.

Ces échouages, c'est un phénomène récurrent, qui dure depuis 40 ans tempère Jean Hascoët, la situation est loin d'être inédite, mais c'est son amplification dans la durée qui préoccupe les associations. 

Des mesures des plans Algues Vertes jugées insuffisantes

Malgré les "Plans Algues Vertes" successifs, Jean Hascoët est loin d'être convaincu. "C'est un petit peu de la poudre aux yeux", fustige le militant. Il évoque par exemple les bandes enherbées, placées en bordure de champ, censées limiter et freiner le ruissellement et permettre l'infiltration des eaux; la réimplantation de haies bocagères ou de zones humides. "Des mesurettes", commente le président de Baie de Douarnenez Environnement, car pour lui, le problème réside dans le modèle d'élevage porcin. "On a 500 000 porcs qui sont élevés autour de la baie, pour produire du lisier. Ce lisier est très fertilisant, il fertilise, pas simplement le maïs qu'on peut voir tout autour de nous, mais il fertilise évidemment par le biais des cours d'eau. On a là un cours d'eau qui s'appelle le Ris, et qui engendre la prolifération excessive des algues." 

L'association s'appuie sur un travail de la Cour des comptes datant de 2020 et 2021, recensant  28,9 porcs à l’hectare sur le bassin-versant. 

Une solution serait de tabler sur un système de polyculture-élevage, plus équilibré d’après Jean Hascoët.