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Une nouvelle bière à Maredsous pour restaurer la basilique

Une nouvelle bière à Maredsous pour restaurer la basilique

Un article rédigé par Jean Lannoy - 1RCF Belgique, le 10 octobre 2025 - Modifié le 12 octobre 2025
Spiritualité chrétienneUn projet de Basilique 2030 à Maredsous, financé par des dons ... et une bière

Alors que la basilique de Maredsous fêtera bientôt son centenaire, les moines lancent une ambitieuse campagne de restauration. Pour soutenir ce chantier patrimonial et spirituel, une nouvelle bière voit le jour : “La Basilique”, déclinée en Blonde, Triple et Fraise. Une boisson de caractère, brassée au cœur de l’abbaye, qui mêle traditions monastiques et avenir partagé.

Le père François Lear, Père Abbé de l'Abbaye de Maredsous, au micro de RCF pour présenter le projet Basilique 2030Le père François Lear, Père Abbé de l'Abbaye de Maredsous, au micro de RCF pour présenter le projet Basilique 2030

Derrière les voûtes néogothiques de l’abbaye de Maredsous, un vaste chantier s’apprête à s’ouvrir. En 2026, l’église abbatiale fêtera les 100 ans de son titre de basilique mineure, conféré par Pie XI. Mais en silence, les murs s'effritent, les vitraux s’essoufflent et les toitures prennent l’eau. Face à l’urgence, la communauté lance “Basilique 2030” : un programme de restauration en profondeur pour redonner vie à ce lieu emblématique du patrimoine religieux belge.

« Quand on regarde la basilique de l’extérieur, elle semble en bon état. Mais dès qu’on entre, on découvre un bâtiment abîmé, humide, dont la peinture tombe, et les briques apparaissent par endroits », confie le Père Abbé François Lear. Élu en décembre dernier, ce moine de 38 ans impulse un nouvel élan pour préserver la beauté d’un lieu qu’il qualifie de « cœur battant de la communauté ».

Une bière au service du spirituel

Pour financer ce chantier de plus de 2,5 millions d’euros, la communauté bénédictine s’allie à la Brasserie Duvel Moortgat. Ensemble, ils lancent “La Basilique” : une bière blonde inédite, brassée dans la microbrasserie du Saint-Joseph, sur le site même de l’abbaye. « Les moines ont toujours fait de la bière pour survivre, pour remplacer la viande à l’époque. Aujourd’hui, on ne brasse plus pour les vitamines, mais pour soutenir un projet de restauration », sourit le Père Abbé.

La Basilique Blonde est une bière de dégustation à 7,3 %, brassée avec des malts d’orge et de blé, des houblons aromatiques, des écorces d’orange, et… un distillat original issu de la distillerie de l’abbaye, à base de baies de genévrier, aubépine, chatons de noisetier et berce. Un subtil clin d’œil à la recette du gin Invictus. « C’est une bière franche, un peu sèche en bouche, mais très étonnante, qui reflète quelque chose de l’identité du lieu », explique le père Abbé.

Un verre collector a également été créé : chaque pièce vendue contribuera directement à la restauration de l'édifice. « Ce partenariat avec la brasserie, c’est une manière concrète de permettre à ceux qui nous visitent de participer. Chacun peut s’impliquer, même avec un simple geste. »

Le projet Basilique 2030

Le projet Basilique 2030 va bien au-delà d’une rénovation de façade. Il s’agit de sécuriser l’édifice dans sa globalité : remplacement des toitures, rejointoiement des façades, restauration des vitraux, étanchéité, traitement de l’humidité, et même remplacement des mastics des 136 lancettes qui percent les murs du sanctuaire.

Les travaux s’étaleront jusqu’en 2030, date souhaitée. En parallèle, une vaste campagne de mécénat est lancée : bornes de dons sur site, plateforme en ligne, appel aux fondations et particuliers, exposition itinérante, et événementiel à venir. Une visite guidée “inaccoutumée” est même proposée deux dimanches par mois pour faire découvrir les zones habituellement inaccessibles de la basilique.

Un élan de foi en l'avenir

À Maredsous, 200 personnes vivent, travaillent, accueillent. Fromagerie, librairie, hôtellerie, artisanat : les activités ne manquent pas. Mais le cœur du lieu reste la prière. « Nous prions chaque jour pour le monde. La basilique, c’est le lieu qui irrigue tout le reste », rappelle le Père Abbé. Et d’ajouter, avec gravité : « Ce chantier, c’est un acte d’espérance. Il exprime que, malgré le vieillissement de la communauté, nous croyons en l’avenir, et nous voulons transmettre quelque chose de beau. »

Mais derrière ce projet se cache aussi une réalité plus discrète : celle d’un site en équilibre précaire. Le monastère a donc réformé sa gouvernance. Un directeur général laïc a été engagé pour piloter les activités économiques. « Les moines ne peuvent plus tout faire. Nous avons besoin de compétences professionnelles, pour assurer la pérennité de l’ensemble. Moi, je ne suis pas un PDG. Je suis le père du monastère. Mon rôle, c’est d’avoir le souci de tous, de ma communauté, mais aussi de chaque salarié, chaque visiteur. »

La nouvelle gouvernance s’appuie désormais sur un conseil d’administration, un conseil économique et financier, et des équipes de pilotage pour chaque secteur. Une manière de faire vivre le site sans le dénaturer. « Nous voulons que Maredsous reste un lieu familial, ouvert à tous, gratuit, accueillant. On peut venir ici sans rien consommer. Juste pour se poser, pour se promener, pour prier peut-être. »

Le Père Abbé souhaite aussi faire revenir ses frères à l’essentiel. Une journée des familles est en préparation, des temps communautaires sont relancés, et une présence monastique au collège est réorganisée. « Le plus beau témoignage, c’est de montrer que nous sommes heureux d’être moines. Si on veut transmettre, il faut rayonner. »

Retrouvez le Père Abbé François Lear en interview :

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Spiritualité chrétienne
©RCF
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