Une hausse d'impôts est-elle possible en France ?
Depuis la nomination de Michel Barnier à l'Élysée plusieurs rumeurs circulent sur une potentielle hausse des impôts en France. Mais alors qui sera concerné ? à quelle hauteur ? L'économiste et directeur du Cercle d'épargne Philippe Crevel nous aide à mieux comprendre.
La question du déficit budgétaire de l’État est sur les lèvres de tous les économistes en ce moment et taraude le nouveau Premier ministre Michel Barnier. Depuis sa nomination des rumeurs de hausse d’impôts circulent, sans jamais toutefois être précises. Pourtant, le temps presse. Le gouvernement fraîchement nommé doit proposer au Parlement son projet de loi de finance avant le 9 octobre. Alors qu’est susceptible de contenir ce budget prévisionnel, notamment en matière d’impôts ? L’économiste et directeur du Cercle d'épargne Philippe Crevel livre ses analyses.
Comment éviter le déficit public ?
C'est un chiffre qui interroge. Le déficit de l'État s'élève actuellement à 6% du PIB, soit "25 ou 30 milliards d'euros". Pour éviter de creuser la dette publique 2 solutions compatibles s'offrent au gouvernement. La première est une politique de réduction des dépenses de l'appareil d'État et des services publics. La deuxième est une augmentation des revenus de l'État, c'est à dire une hausse des impôts en France. Selon les calculs de Philippe Crevel plusieurs milliards d'euros pourraient ainsi rentrer dans la poche de Bercy.
Pour les entreprises cela pourrait prendre la forme d'une augmentation de l'impôt sur les sociétés, prélevé en fonction des bénéfices. Philippe Crevel évoque également les bruits de couloir du Ministère des Finances en parlant de la mise en place d'une éventuelle "taxe sur les profits des grandes entreprises, celles qui ont constitué des super profits".
En ce qui concerne les particuliers et les ménages, plusieurs leviers pour augmenter la fiscalité ont été identifiés. Ainsi, on pourrait s'attendre à "un rétablissement de l'ISF, qui permettrait de rapporter 4 à 5 milliards d'euros" ou à un passage du taux de prélèvement forfaitaire unique sur les revenus financiers de 30% à "33 ou 35% ". Dernière hypothèse étudiée : geler le barème de la taxe sur le revenu, taxe qui fonctionne en barèmes, et donc ne plus le faire évoluer avec l'inflation, ce qui augmenterait le taux moyen d'imposition et donc, automatiquement, les revenus de l'État.
Quelle marge de manœuvre pour l'exécutif ?
Si plusieurs moyens ont été trouvés pour endiguer le déficit public, leur mise en œuvre n’est pas garantie. Plusieurs barrages font obstacle au gouvernement Barnier, et en premier lieu le Parlement. Le 5 octobre sera présenté le projet de loi de finances au Parlement mais, dans un contexte d'instabilité politique avec une chambre des députés sans majorité acquise à Matignon, son adoption n'est pas certaine. Rappelons tout de même que le gouvernement peut, s'il le souhaite, faire usage du 49-3 pour faire passer son prévisionnel des recettes et des dépenses de l'État.
Michel Barnier marche sur des œufs. La France est déjà "parmi les pays européens où le taux de prélèvement obligatoire est le plus important". Les impôts représentent en France 44% du PIB contre 39 en Allemagne. Une hausse des prélèvements pourrait faire fuir les grosses fortunes et les chefs d'entreprise, provoquant ainsi une perte de capitaux. Rappelons aussi que la crise des gilets jaunes a émergé d'une hausse de la taxe sur l'énergie, et en particulier l'essence.
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