Une épicerie solidaire ouvre à Saint-Lô contre la précarité étudiante
REPORTAGE. Depuis novembre, une quinzaine de bénévoles se relaient pour ouvrir tous les mardi soir une épicerie solidaire. Tenu par des étudiants, pour des étudiants, une centaine de personnes sont déjà inscrites sur les 2000 scolarisés en étude supérieure que compte la ville de Saint-Lô.
Selon une étude de la fédération des associations générales étudiantes, un étudiant sur cinq ne mange pas à sa faim en France. La moitié ne peut pas s’acheter de fruits et de légumes frais chaque semaine. Un peu plus de trois repas sont sautés en moyenne par semaine et par élève. C’est le triste constat de la précarité étudiante en France. À Saint-Lô, suite à un appel à projet de l'État, le soutien de la banque alimentaire et de l’agglomération, une épicerie solidaire étudiante a ouvert en novembre. Sur les 2000 étudiants de la ville, une centaine sont déjà inscrits.
30 à 50 bénéficiaires chaque mardi soir
Le principe est simple : chaque étudiant, sur présentation d’un justificatif, peut s’inscrire à l’épicerie solidaire en échange d’un euro symbolique. Dans chaque école et centre de formation de la ville, il existe un référent de l’association pouvant vous orienter vers la personne adéquate pour s’inscrire. Les distributions sont faites tous les mardis soir au foyer des jeunes travailleurs de la ville. En tant que membre, vous avez le droit d’acheter, par semaine et par personne, pour quatre euros de produits secs et pour deux euros de produits frais. On retrouve bien sûr tous les essentiels de l’alimentation étudiante : les pâtes, le riz, du pain, de la soupe, des conserves et bien d’autres articles. On retrouve également des fruits et légumes, de la viande et des produits laitiers fournis par les producteurs du coin à commander en ligne. Les prix défient toutes concurrences, jusqu’à 80 % de réduction pour certains aliments. « L’association est passée d’une quinzaine d'inscrits à une centaine, et ça ne cesse de croître » nous explique Kate-Lynn, la présidente de l’association. Entre 30 et 50 étudiants se présentent chaque mardi soir pour retirer un colis.
Une bouffée d’air pour des personnes précaires
Élise a 20 ans et elle vient tout juste de s’installer à Saint-Lô il y a deux semaines. Elle est inscrite en BTS gestion des petites et moyennes entreprises. C’est la deuxième fois qu’elle vient faire ses courses à l’épicerie solidaire : « À une période, je sautais le repas du midi pour pouvoir payer mes factures. On perd de l’énergie, on n'est pas motivés quand on fait ça. Maintenant, je fais des concessions pour pouvoir manger ». Entre son loyer et ses faibles revenus, acheter de la nourriture à moindre coup est une véritable bouffée d’air pour Élise. Anaïs, sa camarade de classe, est en reconversion professionnelle. La maman d’une petite fille a abandonné son métier dans la grande distribution pour reprendre ses études. Elle a perdu 1 500 € de revenus par mois dans l’affaire. « Je dirais que je fais une trentaine d’euros d’économie par semaine. Ça me permet de faire des sorties avec ma fille ». Elle s’en sortira avec un colis bien rempli pour moins de deux euros.
Un projet tripartite
L’épicerie solidaire étudiante est née d'un appel à projet lancé par l’État en avril 2023. À ce moment-là, la Banque Alimentaire de Saint-Lô a répondu à l’appel avec l’agglomération. Après un sondage auprès des élèves de l’agglo, 10 % ont jugé nécessaire la création d’une épicerie solidaire. Voulant inclure les principaux concernés dans la démarche, il a d’abord fallu réanimer l’association étudiante locale, en hibernation depuis la Covid. Après un temps de préparation, le projet est officiellement mis en route le 7 novembre dernier. Par le biais de l’appel à projet, l’épicerie a reçu une subvention de 20 000 € pour l’année 2023-2024. Un budget censé soutenir l’approvisionnement pour une durée d'un an. Le système fonctionne en partenariat avec la banque alimentaire pour les produits secs. Elle fournit un colis complet d’une semaine pour un étudiant au prix de 3€30 à l’épicerie. Pour les produits frais, les producteurs locaux sont payés aux prix du marché. Les réductions de prix à la revente sont entièrement absorbées par l’épicerie grâce à la subvention initiale. Pour perdurer, le magasin étudiant devra trouver un modèle pérenne, aucune certitude sur un nouveau financement de l’État en 2024-2025 et l’agglomération n’offre pour l’instant qu’une aide logistique en mettant à disposition deux salles du foyer des jeunes travailleurs et du personnel.
Si vous êtes intéressés, vous pouvez retrouver l’Instagram de l’épicerie solidaire de Saint-Lô juste ici.
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