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Les "Beaux Mets" : un restaurant de réinsertion au cœur des Baumettes

Les "Beaux Mets" : un restaurant de réinsertion au cœur des Baumettes

Un article rédigé par Marine Samzun - Dialogue RCF (Aix-Marseille), le 4 juillet 2025 - Modifié le 7 juillet 2025
18/19 en Région Sud (Provence-Alpes-Côte d'Azur)Emission spéciale réalisée depuis les Baumettes à Marseille

Lieu unique en France, les Beaux Mets est un restaurant de réinsertion situé au coeur de la prison des Baumettes à Marseille. Pour le dernier 18-19 de la saison, RCF s'est délocalisé sur place. 

Les deux invités à gauche : Camille Lafon et Samantha Fontaine ©Natalia AmaranteLes deux invités à gauche : Camille Lafon et Samantha Fontaine ©Natalia Amarante

"Je suis ravie". Isabelle, sourire aux lèvres, tablier et toque noire sur la tête, vient de sortir de la cuisine des Beaux Mets, terminant son service de préparation de desserts. Situé en plein coeur de la prison des Baumettes à Marseille, ce restaurant de réinsertion est unique en France. Destiné à accompagner des détenus en fin de peine - comme Isabelle - vers la sortie, il a ouvert en 2023 et a accueilli depuis 10 000 convives.  

"L'idée part d'un double constat", expose Samantha Fontaine, responsable de la communication de l'administration pénitentiaire PACA-Corse, "une carence en main d'oeuvre dans le secteur de la restauration et une nécessité de la prévention de la récidive et de la réinsertion des personnes détenues". Existant déjà à Milan ou à Londres, ce restaurant d'insertion situé au coeur même du milieu carcéral est porté à Marseille par l'association Festin, qui oeuvre à la réinsertion sociale par les métiers de la cuisine.

 

Changer de regard sur le monde carcéral

"L'objectif est l'accompagnement socio-professionnel des détenus en fin de peine (inférieure à deux ans) alors qu'ils sont encore incarcérés pour rendre la peine plus utile", analyse Camille Lafon, responsable des Beaux Mets pour l'association Festin. Sur la base du volontariat, les détenus susceptibles d'être candidats postulent à des postes de commis de cuisine ou de service en salle dans ce restaurant bistronomique. Et même si le décor fait illusion, certaines règles ne trompent pas : "on compte le nombre de couteaux avant et après le service, si le compte n'y est pas, personne ne revient en cellule", explique le chef Valentin Majan, à la tête des Beaux Mets.

Côté convives, l'immersion est totale : contrôles de sécurité, vérification des casiers judiciaires et obligation de laisser son téléphone portable dans un casier verrouillé à l'entrée. "L'objectif est de créer davantage de liens entre l'intérieur ou l'extérieur et de changer de regard sur le monde carcéral", explique Camille Lafon. 

Le chef Valentin Majan et Isabelle, commis

 

 

 

 

Deux détenus sur trois trouvent un travail à la sortie

Chaque année, une quarantaine de détenus participent à ce programme. En parallèle, ils bénéficient d'un accompagnement pour une réinsertion socio-profesionnelle en les aidant à travailler leur projet professionnel à la sortie. "Cette initiative leur permet notamment d'avoir des expériences de travail dans des situations réelles (et non en détention où certains ateliers sont aussi proposés)", précise la responsable du restaurant.

Et l'accompagnement ne s'arrête pas là : l'association reste en contact avec les ex-détenus pendant 6 mois après leur sortie. "Parmi ceux qui ont suivi ce parcours et qui ont été libérés, 75% d'entre eux ont retrouvé un emploi durable ou une formation à la sortie", indique Camille Lafon.

Un essaimage dans d'autres prisons en France ?

Fière d'avoir terminé son dressage de tarte fraise-rhubarbe pour le service du jour, Isabelle espère ainsi pouvoir intégrer un restaurant à sa sortie de prison : "ici, j'apprends des techniques dignes d'un restaurant bistronomique, et le contact avec l'extérieur me fait du bien". 

Première en France, les Beaux Mets espèrent faire des émules dans d'autres centres pénitentiaires de France, avec qui les responsables disent être en discussion : "on a prouvé qu'on pouvait lever les contraintes pour que ce soit possible". En attendant de pouvoir aller déjeuner dans toutes les prisons de France, les responsables des Beaux Mets affichent une certaine fierté : "à Marseille, on est à jamais les premiers". 

 

18/19 en Région Sud (Provence-Alpes-Côte d'Azur)
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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