Une Alsacienne invente un jeu contre le harcèlement
En 2024, près de 18 % des collégiens ont déclaré avoir été victimes d'au moins une cyberviolence, une attaque sur internet, au cours de l’année scolaire, certaines situations les conduisant à avoir des pensées de mort. Coach spécialisée dans la confiance en soi à Rosenau (Haut Rhin), Delphine Gay-Rauch a imaginé un jeu de cartes pour aider les enfants à mettre des mots sur diverses situations de harcèlement.
CyberharcelKido / DRRCF Alsace : En septembre 2024, vous avez lancé "Cyber Harcel Kido". Concrètement, comment ce jeu de société aide-t-il les enfants à s'exprimer sur le cyber harcèlement ?
Delphine Gay-Rauch : Il s'agit plutôt d'un jeu de discussion plutôt qu'un jeu de société. Il n'y a rien à gagner à la fin. Il s'agit de discuter du cyber harcèlement avec un enfant qu'on accompagne, que l'on soit enseignant, parent, professionnel de santé, ou animateur en périscolaire. On va proposer le jeu à un ou plusieurs enfants à travers les cartes que je propose. Il y a des cartes "situations" qui correspondent à la définition du cyber harcèlement, et puis des cartes "émotions-réactions" ainsi que des cartes "ressources" parce que l'idée, c'est que l'on prévienne et arrête aussi le cyber harcèlement immédiatement.
RCF Alsace : Comment vous est venue cette idée ?
D. G.-R. : Tout simplement en voyant à quel point le cyberharcèlement a pris de l'ampleur ces dernières années : en 2024, près de 18 % des collégiens ont déclaré avoir été victimes d’au moins une cyberviolence durant l’année scolaire. Moi, j'ai celui de l'explosion du cyberharcèlement dans le monde depuis la pandémie, qui a augmenté de plus de 70 % dans tous les pays. Nous sommes tous touchés. À partir du moment où on a un écran, on peut être victime, témoin ou auteur. Je trouve insupportable qu'en 2025, on puisse insulter, menacer en toute impunité en ligne.
RCF Alsace : Que pensez-vous de la décision du Ministère de l'Education nationale d'interdire les portables dans les collèges, notamment en vue de protéger les enfants puisque la moitié d'entre eux possède un téléphone dès 11 ans ?
D. G.-R.: Comme pour un certain nombre de professionnels et de confrères, je penche davantage dans la nuance et pas dans les sanctions prises à la hâte pour répondre à des problématiques sociétales dont la plupart des gens ont peur. Je pense que le portable et les écrans sont nécessaires aux besoins d'appartenance des jeunes, qu'ils soient en primaire ou au collège, et que ce n'est pas leur rendre service que d'interdire systématiquement tout. Je pense même que cela peut faire un effet contraire. Comme beaucoup de choses interdites, l'ado va trouver une solution autre pour accéder aux éléments qu'il souhaite. Je suis plutôt d'avis de faire de l'accompagnement, d'apprendre aux ados les dangers des écrans, des téléphones, des réseaux sociaux, de savoir comment se prémunir, et comment paramétrer qui appeler en cas de problème. D'où le jeu de cyberharcèlement où notamment on apprend à signaler les contenus, on apprend à déposer plainte, à paramétrer ses comptes, conserver des preuves, etc. En revanche, je comprends que les enseignants et les établissements scolaires aient besoin de solutions immédiates au sein des classes. On n'y est effectivement pas pour téléphoner ou envoyer des mots ou prendre en vidéo des camarades en mauvaise posture.


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