Un vendéen en voyage avec le Pape

« Liban relève-toi, sois un prophète de paix pour tout le Levant ». Ce sont les mots du pape mardi, que nous rapporte l’abbé Renaud Bertrand depuis le Liban. Le prêtre vendéen a vécu le voyage de Léon XIV dans le pays, avec la délégation officielle de l’œuvre d’Orient. Arrivé samedi à Beyrouth, il trouve un pays en effervescence. « Toutes les rues sont pavoisées du portrait du pape, des drapeaux du Liban et du Vatican partout. Ce sont trois jours fériés pour le Liban, et vraiment tout le Liban vit ce voyage comme une heure exceptionnelle de son histoire. » , raconte-t-il. C’est aussi un moment personnellement marquant pour le prêtre, membre de l’association Solidarité Vendée-Liban : « Même si je suis totalement vendéen, c'est vrai que j'ai une partie de mon cœur au Liban. »

Des rencontres émouvantes

Trois temps forts ont marqué son séjour. D’abord le lundi matin la rencontre avec les évêques, prêtres, consacrés et agents pastoraux au sanctuaire Notre-Dame du Liban. « Ça a été une très, très belle rencontre, vraiment très forte, où on a senti beaucoup d'émotions, aussi bien chez les Libanais que chez le Saint-Père. »

L’abbé Renaud est aussi présent avec les 12 000 jeunes sur la place du siège patriarcal maronite à Bkerké. « J'avais la chance d'être très bien placé dans les premiers rangs, donc j'ai pu vraiment tout vivre de près. Et ça a été un moment aussi très très fort, avec une grande joie, plein d'espérance. Le pape, dans tous ses moments, a eu des paroles très fortes. »

Un point d’orgue est la matinée du mardi où le Saint Père a rendu hommage et prié pour les victimes de l’explosion du port de Beyrouth en août 2020, qui a ravagé une partie de la ville ; avant de célébrer la messe devant 150 000 personnes à quelques centaines de mètres de là.

L’abbé Renaud témoigne : « On voyait très bien le silo [depuis le lieu de la messe] et on nous retransmettait ce moment-là. J'étais à côté d'un prêtre qui me disait, ″cette femme que le pape est en train de saluer, j'étais en classe avec elle et c'est son mari qui est mort pendant l'explosion du port de Beyrouth″ […] Le Liban était très marqué par ce 4 août 2020 et c'est toujours très marquant. »

« Heureux les artisans de paix »

Dans un pays durement touché par la guerre, les crises économiques et politiques, le voyage apostolique, placé par le Saint-Siège sous ce verset du sermon sur la montagne, résonne comme un message d’espérance pour le prêtre vendéen : « On sait très bien que la situation est très fragile et certains pères me disaient après la messe comment les choses vont repartir dans quelques jours ou dans quelques semaines. Ils sont quand même inquiets de la suite, mais ça donne vraiment une espérance. Que ce voyage se fasse durant le Jubilé de l'Espérance, c'est aussi extraordinaire. »

C’est peut-être la force de ce voyage que ce contraste entre la situation difficile du Liban et l’accueil réservé au Pape : « Quand on l'a vu arriver déjà à l'aéroport, les cloches de Beyrouth sonnaient, tout le monde était en fête. Et on voit bien qu'en plus tout le pays était présent, le président a suivi beaucoup d'événements, la première dame était présente à tous les événements, avec le pape et d'autres personnalités. »

Ces trois jours sonnent comme un moment rassembleur : « Des musulmans étaient également présents à ces moment-là, il n'y avait pas que des chrétiens. Et on sent bien que tout le peuple libanais est marqué par cette visite historique. »

« Vous êtes forts comme les cèdres »

Le pape Léon XIV s’est lui aussi montré proche de la population : « On a senti vraiment que le pape était très attaché à ce Liban […], une présence à tous ceux qui venaient à lui, et il n'a pas hésité à montrer sa joie. » Le président libanais a d’ailleurs décrit la venue du pape comme celle d’un « père venu nous réconforter et nous rappeler que le monde n’a pas oublié le Liban ».

Dans son dernier discours avant de monter dans l’avion, Léon XIV a à nouveau appelé à un arrêt des hostilités et a dit aux libanais : « Vous êtes forts comme les cèdres, les arbres de vos belles montagnes, et pleins de fruits comme les oliviers qui poussent dans la plaine, dans le sud et près de la mer. » Rappelant la phrase de Saint Jean Paul II dans une lettre apostolique, il conclut : « le Liban, plus qu'un pays, est un message ! ».