Un tiers de jeunes “sans facs” : “Ce sont les étudiants les plus précaires, c’est honteux”
Alors que l’université de Grenoble s’apprête à accueillir près de 60 000 étudiants en cette rentrée scolaire, nombreux sont les jeunes qui restent sur la touche. Selon les syndicats étudiants, près d’un tiers des jeunes se retrouve sans orientation. Un fléau contre lequel se battent les étudiants de Grenoble.
Etudier est un droitSur l’arrêt de tramway, une pancarte : “Étudier est un droit, pas un privilège - Inscription pour toutes et tous”. À quelques mètres, l’UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) et l’UEG (Union des Etudiant.es de Grenoble) tiennent des stands. En ce début d’année, l’objectif est de recenser les “sans-facs”.
Un jeune sur trois
Les “sans facs” sont les étudiants qui, après la sélection opérée par Parcoursup et Mon Master, les plateformes d’orientation, se retrouvent sans aucune formation, car ils ont été refusés partout. “On estime que ce phénomène concerne un jeune sur trois”, explique Basile Pricot. Mais ce chiffre est particulièrement difficile à définir, car ces derniers se signalent peu.
Il existe également une zone grise : les étudiants qui se retrouvent dans des formations de dépit, parfois à l’opposé de leurs vœux initiaux. Sur les plateformes d’orientation, le rectorat peut proposer aux étudiants qui se sont vu refuser tous leurs vœux des formations dans lesquelles les places sont encore ouvertes. Certains font aussi le choix de s’inscrire dans une formation privée, ou dans un diplôme universitaire.
C’est le cas de Cyprien. Après une première année de médecine, il s’est réorienté en licence de chimie. Seul problème : selon lui, Mon Master considère cette première année de médecine comme un redoublement, donc un échec, et classe son dossier en bas de la pile. Alors qu’il voulait s’inscrire en master chimie des polymères, le voilà alors recalé, et sans formation. Il est révolté : “Tout le long de mon parcours, on m’a dit que je faisais une licence rentable, mais on m’a menti, on ne m’a donné aucun master”.
Une sélection jugée discriminante
Cette rage le motive à se battre aux côtés de l’UNEF. Pour lui, comme pour les autres, cette politique de sélection est discriminante : “ce sont les étudiants les plus précaires, ceux qui viennent des quartiers défavorisés, et les jeunes issus de l’immigration. C’est vraiment honteux”, s’indigne Basile Pricot, trésorier de l’UNEF Grenoble.
Alors, ensemble, ils s’unissent, pour protester contre ces sélections. Ils rassemblent les dossiers des laissés-pour-compte, et les présentent à l’université, mais à Grenoble, la tâche est particulièrement difficile. Malo Warrin, de l’UEG, rencontre régulièrement le président de l’université : “On a des refus en bloc. Alors que pour nous, une place en plus dans l’amphi, ça peut se trouver, et c’est l’avenir d’un jeune qui se joue là-dessus. Un camarade à Lille m’a expliqué qu’il avait réussi à faire inscrire près d’une quarantaine d’étudiants et en une semaine, nous ça fait depuis juillet qu’on essaie, et on essuie des refus”.
Un manque de moyens
Côté université, l’administration dit manquer de moyens pour accueillir les étudiants, et avance qu’accepter les dossiers des “sans facs” reviendrait à briser l’égalité des chances. Des arguments qui sont inentendables pour les syndicats étudiants, qui incriminent un système basé sur des intérêts financiers.
Une mobilisation est prévue le 8 septembre prochain, pour faire pression sur l’université.


Chaque jour, une personnalité de la vie locale présente un événement ou revient sur une question d'actualité.
