Paris
La paix cela s'apprend. Avec la multiplication des conflits, le contexte géopolitique n’a jamais été aussi tendu dans le monde depuis la fin de la guerre froide. Durand deux jours à Paris des experts de l'éducation à la paix vont travailler à partager des programmes efficaces pour favoriser le règlement pacifique des conflits
Guerre en Ukraine, guerre au Proche-Orient, guerre au Soudan, ou encore dans l’est du Congo. Le contexte sécuritaire n’a jamais été aussi tendu dans le monde depuis la fin de la guerre froide. C’est bien parce que la situation est devenue aussi dangereuse que le Global Peace Education Network (GPEN) organise ce sommet en partenariat avec l'UNESCO. Le GPEN fédère dans le monde un millier d’organismes d’éducation à la paix dans 82 pays. Mercredi et jeudi des centaines de représentants de ces associations, des diplomates, des leaders politiques, économistes ou encore prix Nobel planchent pour développer l'éducation à la paix sur la planète.
Cette dernière est définie par l'ONU comme : "un ensemble de valeurs, attitudes, comportements et modes de vie qui rejettent la violence et préviennent les conflits en s’attaquant à leurs racines par le dialogue et la négociation entre les individus, les groupes et les États". Cette éducation peut s'effectuer dans un cadre scolaire au travail ou encore dans la sphère privée au quotidien. Cela s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes. "La paix est bien plus que l'absence de guerre et de crise. La paix commence d'abord par soi-même" explique Marc Levitte, secrétaire générale de Global Peace Education Network. "C’est un processus dynamique et participatif qui requiert des compétences, un apprentissage, de la discipline et de la pratique. On dit que la paix s'apprend comme on apprend à conduire une voiture. Quand on conduit mal, regardez ce qui se passe".
En 2023, la Recommandation de l'UNESCO sur l'éducation pour la paix, les droits de l'homme et le développement durable a, de nouveau, posé les bases de cette éducation, mais cela implique de lever de nombreux obstacles. "Il ne s'agit pas de transformation rapide, mais à long terme et en profondeur" explique Doudou Diène, avocat et défenseur des droits de l'homme, ancien rapporteur de l’ONU sur le racisme. "L'éducation doit tenir compte du défi que posent le néolibéralisme et la violence actuelle. Les valeurs dominantes sont des valeurs matérielles. Il faut ramener l'éducation aux valeurs humaines".
Selon lui l’évolution vers un multiculturalisme a développé les tensions et l’incompréhension au sein des sociétés. "Il est extrêmement important de développer la dynamique d'un multiculturalisme qui soit égalitaire, démocratique et interactif" souligne Doudou Diène. "L'éducation doit développer la connaissance réciproque. Les communautés ne se connaissent pas. Ça veut dire accepter la singularité des identités spécifiques de chacun".
Les ateliers du programme d'éducation pour la paix de la fondation Prem Rawat en milieu carcéral en Espagne ont entraîné une forte baisse de la récidive dans les trois prisons de Malaga. On enregistre 65 % de baisse du nombre de mariages d'enfants dans 16 villages du Bangladesh avec un programme de la Fondation Green Hope. La commune de la Bouilladisse dans les Bouches-du-Rhône, près de Marseille cherche à casser certains préjugés avec des échanges artistiques et des voyages pour les jeunes du Conseil municipal des enfants. "Nous avons un partenariat avec une ville roumaine, Bredzoy et il y a des enfants qui pensaient que là-bas, les gens vivaient dans des huttes" explique Muriel Henry Ricard, 1re adjointe au maire. "On casse des imaginaires et on en construit d'autres. Non, un Roumain, ce n'est pas un voleur de poules".
L’idée du sommet de Paris est donc de partager ces outils d’éducation de mutualiser les bonnes pratiques et identifier de nouvelles approches innovantes pour massifier l'éducation à la paix. "Seule une bougie allumée peut allumer d'autres bougies" résume Marc Levitte.
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