Un prêtre en pèlerinage expulsé d’Israël

Persona non grata

Les faits se sont déroulés le lundi 11 août, mais c'est seulement ce mardi matin qu'un prêtre italien de 63 ans, Don Nandino Capovilla, a retrouvé plus tôt que prévu ses proches à l'aéroport de Venise. Depuis, la presse italienne tente de reconstituer la généalogie des faits ayant mené à son expulsion. Curé à Marghera (Venise) et engagé depuis des années dans le mouvement catholique pacifiste Pax Christi, il devait participer à un « pèlerinage de justice en Terre Sainte » dirigé par l’archevêque Giovanni Ricchiuti, lui-même président de Pax Christi Italia.

Un document de l’Administration israélienne du contrôle des frontières, que le quotidien italien Il Corriere della Sera a pu consulter, indique qu’il n’est pas le bienvenu en Israël pour des « raisons de sécurité publique ». Peu après son arrivée à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, Don Capovilla a été conduit par les autorités israéliennes dans une cellule proche de l’aéroport où il est resté jusqu’en soirée. Dans un message tardif, il a pu rassurer ses proches sur sa situation : « Après sept heures de détention, je ne suis plus en cellule ! On m’a rendu mon téléphone et ma valise, tout va bien. On me dit que je vais être envoyé en Grèce cette nuit. » Il a depuis été expulsé. 

Le nerf de la guerre

Les raisons exactes de ce refoulement restent floues. L’archevêque Ricchiuti, désormais à Bethléem, avance une hypothèse auprès de nos confrères italiens : « Nous avons toutes les raisons de croire que cette mesure d'éloignement est liée au livre Sous le ciel de Gaza (Sotto il sole di Gaza) qu'il a publié récemment. » 

Ancien coordinateur national de Pax Christi, Don Capovilla milite depuis longtemps pour les droits humains, pour le dialogue inter-religieux et la non-violence. Dans son livre, il raconte des histoires de vie et de souffrance dans l'enclave meurtrie. C'est un livre de paix, écrit à plusieurs mains, qui fait de lui aujourd'hui un terroriste aux yeux des autorités israéliennes. S’il souhaite revenir en Israël et se rendre en Terre Sainte, Don Capovilla devra soumettre une demande préalable qui sera examinée « en fonction des circonstances du moment ».

Cet incident a suscité une vague d'indignation en Italie. Le ministre italien des affaires étrangères est intervenu auprès de l'ambassadeur d'Israël pour lui demander des éclaircissements.

Julien Bal