Un nouveau patron pour la SNCF
L’Elysée a annoncé hier soir la nomination de Jean-Pierre Farandou, 62 ans, à la tête de l’opérateur public ferroviaire au premier janvier prochain. Il va remplacer Guillaume Pepy, qui, après onze ans à la tête du groupe, n’a pas voulu effectuer le « mandat de trop », comme il le dit lui-même en privé.
Un portrait de Jean-Pierre Farandou
C’est un vrai cheminot, ce qui est rare pour les patrons de la SNCF. Seuls le grand ancêtre Louis Armand et Guillaume Pepy l’étaient avant d’en prendre la présidence. Cet ingénieur des mines béarnais, on l’entend à son accent chantant, fils d’une institutrice et d’un inspecteur des douanes, a fait toute sa carrière au sein du groupe. Après avoir débuté comme chef de gare à Rodez en 1981, il a notamment été tour à tour chef de projet pour le lancement du TGV Paris-Lille, puis le Thalys vers Bruxelles, puis directeur des cadres, DRH de la SNCF, patron de la région Rhône-Alpes, puis des Transiliens, TER et Intercité.
Depuis 2012, il a mis le cap à l’international, en prenant la présidence de Keolis, filiale à 70% de la SNCF, qui exploite des trains, des métros, des trams, des bus et des parking dans 15 pays du monde. Tout en étant l’opérateur des transports en commun de Lyon, Lille, Rennes, Strasbourg, Bordeaux, Nancy, Chambéry ou Bourg en Bresse, Keolis réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires hors de l’hexagone, avec 65 000 collaborateurs.
Un candidat non-officiel
Il y a quelques mois, cet homme très engagé dans la vie associative affirmait vouloir prendre sa retraite pour s’y investir encore plus et se consacrer à ses passions et sa famille. Il a toutefois discrètement fait campagne. Le week-end dernier, il avait participé au débat à la Fête de l’Humanité sur la sécurité ferroviaire et le social, à l’invitation de la CGT Cheminots. Un signal clair envers des syndicats encore sonnés par la défaite en rase campagne subie avec la réforme ferroviaire de 2018, la plus importante en quatre-vingts ans d’histoire de la SNCF.
Emmanuel Macron aurait semble-t-il préféré un profil venu de l'extérieur, mais la complexité de la tâche, l'exigence de la connaissance du domaine ferroviaire et la limitation du salaire à 450.000 euros bruts par an ont semble-t-il compliqué le recrutement.
Des défis de taille
Il va devoir tout d’abord mettre en œuvre le nouveau Pacte social que la direction veut négocier avec les syndicats d’ici la fin de l’année. A partir du 1er janvier prochain, les cheminots ne seront plus embauchés au statut. Il faudra notamment revoir leurs profils de carrière pour recruter les meilleurs, et développer leur polyvalence pour faire face à l’arrivée de la concurrence dans les TER et les TGV.
En la matière, Jean Pierre Farandou sera en terrain connu : à la tête de Keolis, il s’est battu au couteau pour arracher des contrats face à ses concurrents français, Transdev ou RATP, mais aussi étrangers. Il devra aussi trancher sur l’avenir de la filiale Frêt SNCF et de Geodis, la branche logistique du groupe.
Que va devenir Guillaume Pepy ?
Il dit vouloir prendre un repos bien mérité. Mais à 61 ans, il se voit encore travailler quelques années. Depuis juin dernier, il siège au conseil de surveillance de Keolis. Certains affirment qu’il voudrait en prendre la tête. Il s’agit cependant d’un poste non exécutif.
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