C’est une des expérimentations lancées par le plan Marseille en grand : le développement de microstructures éducatives, micro-collèges et micro-lycées, pour les élèves décrocheurs. Il y en a une cinquantaine dans les Bouches-du-Rhône. Parmi elles, un micro-collège installé au cœur du Mucem à Marseille.
Une école dans un musée, c’est une première en France. À Marseille, le Mucem, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, a dû libérer une salle d’exposition pour la transformer en salle de classe.
Les premiers élèves sont arrivés en octobre 2024 dans ce micro-collège expérimental. Il y a 12 places en tout, ils sont actuellement 8. Garçons comme filles, ils sont atteints de refus scolaire anxieux, et suivis pour cela à la Clinique des Trois Cyprès, comme cet adolescent de 14 ans :
Depuis petit, j'ai beaucoup de mal avec l'école, les apprentissages et le côté relationnel. Pourtant, j'étais quelqu'un de passionné, j'ai toujours persévéré jusqu'à ce que je fasse un burn-out.
Ici, le rythme est allégé, les élèves ont cours de 10 h à 15 h, et le programme adapté à leurs besoins. Une autre élève témoigne :
On n'est pas du tout submergé de devoirs. On va à notre rythme. C’est fait pour pas qu'on se sente trop stressé ou qu’on arrive au point où on ne peut plus rien faire parce que c'est trop difficile.
Une autre collégienne confirme l'importance de ce rythme plus doux : « C'est beaucoup plus sympa d'avoir le temps de dormir le matin et de rentrer plus tôt pour travailler ou faire d'autres activités. Cela fait du bien d'avoir le temps de se reposer. »
Il n'y a pas de cour de récré, mais les élèves peuvent sortir près du jardin du Mucem, avec une vue imprenable sur la mer.
Audrey Marbouti, enseignante coordinatrice de la microstructure, n’hésite pas à se servir du musée dans son programme pédagogique, avec des visites d’exposition, des ateliers, mais aussi une exploration des coulisses :
Pouvoir visiter, appréhender le musée comme on ne le fait pas, en tant que simple spectateur, toute la richesse des métiers d'un musée et les collections cachées.
Les adolescents sont bien accueillis par les équipes, d’après Pierre-Olivier Costa, président du Mucem :
L'ensemble des agents étaient informés et formés parce qu’ils croisent tous les jours ces adolescents. Mais je crois qu'ils étaient assez fiers. Je pense que dans chacune de nos familles, il y a des adolescents qui ont des troubles psychiques, surtout depuis le confinement.
Le micro-collège du Mucem est regardé de très près par l’Éducation nationale et le ministère de la Santé, partenaires du projet. Cette expérimentation pourrait, si elle fait ses preuves, faire des émules en France.
En-tout-cas, ce cadre à la fois non-scolaire, et hors norme semble faire son effet à Marseille. Les jeunes se projettent un peu plus vers l’avenir, et leurs futurs métiers : anthropologue judiciaire, spécialiste en cybersécurité, psychologue, vétérinaire ou encore artiste.
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