Des Bretons figurent dans un nouveau dictionnaire des victimes du nazisme en Normandie
L’université de Caen Normandie et la Fondation pour la mémoire de la déportation ont lancé début avril un projet scientifique inédit : le dictionnaire biographique des victimes du nazisme en Normandie. Ce travail de mémoire, accessible en ligne, recense déjà près de 5400 victimes de la répression nazie, dont neuf personnes originaires de Rennes ou de la région rennaise, déportées ou exécutées en Normandie pendant l’Occupation.
© Dictionnaire biographique des victimes du nazisme en NormandieCe projet scientifique de dictionnaire d’envergure régionale vise à documenter et rendre hommage aux 5 400 victimes normandes de la répression nazie, à travers une plateforme en ligne, qui a permis de recenser également des Bretons.
Un travail qui poursuit trois objectifs : approfondir la compréhension historique de la répression nazie en Normandie, offrir un outil pédagogique accessible aux enseignants et élèves et honorer la mémoire des victimes.
Un travail inédit à triple objectif
Ce travail de recherche est le fruit d’un minutieux travail d’historiens, d’enseignants, d’archivistes et de familles. Ce dictionnaire redonne un visage et une histoire à chaque victime. Il propose aussi des ressources pédagogiques accessibles à tous, notamment pour les enseignants et les élèves dans le cadre du concours national de la Résistance et de la déportation (CNRD).
« Si des initiatives similaires ont été menées dans certains départements, c’est la première fois qu’un travail d’une telle ampleur est réalisé à l’échelle de toute une région », explique Françoise Passera, directrice scientifique du projet. Ce lancement s’inscrit dans les commémorations du 80e anniversaire de la Libération des camps.
Un travail exhaustif sur cinq grandes catégories de victimes
Le dictionnaire des victimes normandes du nazisme recense toutes les personnes ayant été arrêtées, exécutées ou déportées en raison de la répression nazie, qu’elles aient ou non survécu.
Il prend en compte :
- Les déportés de répression et les déportés juifs – qu’ils aient été envoyés en camps de concentration ou d’extermination, évadés ou décédés en cours de transport.
- Les arrêtés au sein du Reich, prisonniers de guerre et travailleurs envoyés dans des camps de concentration.
- Les fusillés et otages exécutés – condamnés à mort par l’occupant ou exécutés en représailles.
- Les victimes de massacres et d’exécutions sommaires – en particulier durant la Bataille de Normandie, marquée par des violences de masse.
- Les résistants morts « en action » – abattus au combat, lors de missions clandestines ou en tentant de fuir.
- Les internés morts sous la torture, par suicide ou maladie – victimes des conditions inhumaines d’incarcération.
Le dictionnaire intègre les victimes domiciliées en Normandie, mais aussi :
- Les victimes arrêtées ou exécutées ailleurs (résistants en mission, réfractaires au STO, Juifs en fuite…).
- Les victimes arrêtées ou exécutées en Normandie mais originaires d’autres régions (otages, réfugiés, soldats britanniques aidés par des civils normands, etc.).
- Les victimes de toutes nationalités arrêtées en Normandie.
Près de 5400 victimes sont déjà recensées dans cette base de données interactive qui continuera à être enrichie, parmi eux 150 personnes originaires de Bretagne.
Une plateforme pédagogique et mémorielle accessible à tous
Le dictionnaire des victimes normandes du nazisme est conçu pour être un outil de recherche et d’enseignement destiné aux historiens, aux enseignants et au grand public.
La plateforme propose :
- Des notices biographiques consultables par nom, commune ou parcours de déportation.
- Des ressources pédagogiques adaptées aux collèges et lycées.
- Des analyses historiques sous forme de cartes, graphiques et études thématiques.
- Un espace collaboratif, permettant aux familles et aux chercheurs d’enrichir les données.
Appel à mobilisation
Le projet du dictionnaire des victimes normandes du nazisme est en constante évolution. Les chercheurs invitent les familles, enseignants et passionnés d’histoire à participer à l’enrichissement des notices et à contribuer à ce travail de mémoire en fournissant des archives personnelles ou des témoignages, en diffusant et en utilisant cet outil pour les recherches et l’enseignement.


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