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Un an après la catastrophe de la Bérarde, le défi de la reconstruction

Un an après la catastrophe de la Bérarde, le défi de la reconstruction

Un article rédigé par Jade Petris - le 25 juin 2025 - Modifié le 25 juin 2025
Focus sur l'actualité en IsèreUn an après la catastrophe de la Bérarde, le défi de la reconstruction

À Saint-Christophe-en-Oisans, en Isère, un an après la coulée dévastatrice, les habitants et acteurs du tourisme attendent toujours des réponses concrètes. Alors que la saison estivale débute, les espoirs se heurtent à l'inertie des décisions publiques. Où en est la reconstruction ? Comment assurer la saison touristique ? Quel avenir pour la commune ? Focus, avec le maire Jean-Louis Arthaud.

Hameau de la Bérarde (photo : Anthospace)Hameau de la Bérarde (photo : Anthospace)

Dans la nuit du 20 au 21 juin 2024, près d’un million de mètres cube d’eau mêlés à 350 000 mètres cube de roche ont déferlé sur le hameau de la Bérarde. Cette catastrophe a profondément dévisagé le Haut-Vénéon, dû à la conjonction de fortes pluies, de la fonte d'un manteau neigeux très épais pour la saison et de la vidange du lac du glacier de Bonne Pierre. Aujourd’hui, la situation semble stagner selon Jean-Louis Arthaud, maire de Saint-Christophe-en-Oisans :

Aujourd’hui, il n’y a absolument rien qui a évolué, parce que nous attendons les résultats d'études qui sont menés par différents organes de l'État. On en saura peut-être un peu plus sur les scénarios qui pourraient être éventuellement proposés (...) Ces travaux-là devraient être programmés en 2027. 


La commune reste suspendue à ces diagnostics techniques, cruciaux pour décider de l'avenir du site. En attendant, les impacts de la catastrophe demeurent visibles, et l’activité peine à reprendre.


Les acteurs du tourisme à bout de souffle


L’été dernier ayant déjà été jugé catastrophique, cette année encore, l’absence de solutions concrètes pour accéder à la vallée inquiète fortement les guides, gardiens de refuge, commerçants et représentants d'associations.

À la Bérarde, il n’y a absolument personne, puisqu'il n'y a pas de service de navettes et que l'autorisation d'aller par la route s'arrête à la sortie de Saint-Christophe-en-Oisans », alerte le maire. « On a proposé pas mal de solutions qui, malheureusement, pour la plupart, n'ont pas été écoutées par les différents services.


Un service de navettes doit débuter à partir du 5 juillet à raison de sept allers-retours par jour, financé par la région et gratuit. Mais pour beaucoup, cela reste insuffisant. Cinq des sept refuges de la vallée restent partiellement inaccessibles en voiture à cause d’un arrêté départemental.
Malgré ces freins, la commune tente de maintenir un lien avec les visiteurs. Des sentiers de contournement ont été aménagés, des aides d’urgence sont reconduites par la communauté de communes et la région.


“Le village ne sera plus comme avant”


Pour le maire, refaire comme avant n’est plus envisageable. Pour autant, il refuse l’idée d’un abandon. « Le village ne sera plus comme avant. Il faudra aménager, tracer de nouveaux sentiers, (…) mais nous ne voulons pas renoncer à une route. »


L’alternative portée par le département, soit l'installation d’une remontée mécanique, suscite le scepticisme local : trop coûteuse, difficile à positionner, et perçue comme un abandon du mode d’accès traditionnel dans le Haut-Vénéon.


La priorité, selon l’élu, reste de garantir un minimum d’accessibilité routière. Il lance un appel à tous les amoureux et amoureuses de la montagne à venir découvrir des paysages malgré tout préservés :

80 % [du territoire] est intact. J’invite les gens à venir nous voir, à faire travailler nos commerces, et à venir prendre un grand bol d'air frais ici, dans la vallée du Vénéon, puisque c'est quand même autrement plus agréable que d'être sous la chaleur dans les villes.


Culture du risque en montagne


Au-delà de la reconstruction, la vallée doit désormais composer avec une menace devenue récurrente : celle d’une nouvelle catastrophe similaire. « Le lac glaciaire s’est de nouveau rempli la semaine dernière. Heureusement, il s’est vidé naturellement après les orages. Mais il faudra vivre avec ce risque », reconnaît Jean-Louis Arthaud.


Des projets de protection sont envisagés, avec des digues capables d’absorber jusqu’à 300 000 m³ de matériaux, et des systèmes d’alerte automatisés dans les vallons. Pour le maire, c’est une extension naturelle de la « culture du risque » déjà ancrée dans ces territoires montagnards.


Malgré la lenteur administrative et les tensions locales, Jean-Louis Arthaud reste debout. Il le dit avec fatigue, mais aussi avec conviction : « Si je n’étais pas positif, j’aurais arrêté depuis longtemps. »

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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