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Turquie: "l'opposition existe, mais sans espace d'expression"

RCF,  - Modifié le 17 juillet 2017
​Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, la Turquie connaissait une tentative de putsch. Elle s’était soldée par un échec et la mort de 273 personnes.

Un putsch à l’issue duquel le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan avait accusé le prédicateur septuagénaire, et son rival, Fethullah Gülen. Ce dernier, exilé aux Etats-Unis, avait démenti toute implication  dans ce coup d’Etat, depuis son exil américain.
 

Turquie: le nouveau récit national est lancé

Aujourd'hui, ce putsch est commémoré de diverses manières. "L’Etat en fait une occasion de conforter ses positions et notamment la réforme institutionnelle mise en œuvre au lendemain du coup d’Etat. Le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens. Il va y avoir une multitude d’inaugurations, de conférences, d’expositions, de concerts, pour commémorer ce coup d’Etat manqué. Le nouveau récit national est initié" explique Jean-François Pérouse, géographe, directeur de l’institut français d’études anatoliennes d'Istanbul.

A l’heure actuelle, on n’en sait toujours pas plus sur les instigateurs de ce putsch. "Au fur et à mesure des arrestations, les esprits se troublent. C’est extrêmement difficile de savoir et de faire la part des choses. Ce qui est sûr, c’est que des procès ont été lancés, que les premières condamnations ont été prononcées. Un processus qui permet à la présidence de régler des comptes avec une multitude d’opposants qui n’ont rien à voir avec le coup d’Etat" ajoute ce spécialiste de la Turquie.
 

L'opposition existe, mais sans espace d'expression

D’une autre manière, depuis le putsch, le paysage politique turc a évolué avec l’état d’urgence. Dans un tel contexte, il n’est pas facile pour l’opposition de se faire entendre. "Elle essaye. Elle est tout de même forte des résultats du référendum, qui ont prouvé qu’elle est importante. Malgré la criminalisation systématique et le placement en garde-à-vue de nombreux opposants, l’opposition existe, mais sans espace d’expression, on peut la faire taire très facilement" précise Jean-François Pérouse.

Suite à ce putsch, il y a un an, les relations entre l’Europe et la Turquie se sont dégradées. "Elles ont changé au niveau du discours et des représentations plus qu’au niveau des réalités économiques. Après le putsch, le président Erdogan a reproché à l’Union européenne de n’avoir pas fait preuve de solidarité avec lui. A tel point que les choses se sont dégradées verbalement. Une dégradation confirmée encore ces jours derniers après l’interdiction par l’Allemagne de meetings sur son sol commémorant le coup d’Etat" conclut le directeur de l'Institut français d'études anatoliennes d'Istanbul.

 

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