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Traité mondial contre la pollution plastique : à Genève, un tournant décisif pour l’environnement

Traité mondial contre la pollution plastique : à Genève, un tournant décisif pour l’environnement

Un article rédigé par Camille Meyer - RCF, le 5 août 2025 - Modifié le 6 août 2025
L'Invité de la MatinaleLisa Pastor de l'ONG Surfrider

Du 5 au 14 août 2025, Genève accueille une cinquième session cruciale de négociations autour d’un traité mondial pour mettre fin à la pollution plastique. Réunissant 175 États, l’enjeu est de parvenir à un accord contraignant et ambitieux face à une crise environnementale majeure. Lisa Pastor, chargée de plaidoyer pour Surfrider Foundation Europe, est l'invitée de Inès Lombarteix

 

Eau polluée par le plastique / Efes de PixabayEau polluée par le plastique / Efes de Pixabay

Du 5 au 14 août 2025, Genève accueille une étape clé dans la lutte contre la pollution plastique. Les 175 États membres du comité intergouvernemental de négociation lancé par l’ONU en 2022 se retrouvent pour tenter d’aboutir à un traité international contraignant.

Parmi les observateurs engagés sur place : Lisa Pastor, chargée de plaidoyer pour Surfrider Foundation Europe, ONG historique dans la défense de l’océan et des littoraux. C'est un évènement important rappelle-t-elle, "c'est un traité qui est vraiment crucial […] on veut un traité qui englobe l’ensemble du cycle de vie des plastiques et ce dès la production. "

La pollution plastique, un fléau visible et invisible

Fondée en 1990 par des surfeurs indignés par l’état de l’océan, Surfrider Foundation Europe agit aujourd’hui sur trois axes : pollution chimique, aménagement du littoral, et surtout pollution plastique, devenue omniprésente. 

"C’est une pollution qui est aussi bien visible qu’invisible et qui a justement un impact colossal sur la biodiversité marine, sur l’écosystème, sur la santé humaine aussi. […] estime Lisa Pastor, nous sommes contaminés : nous avons des particules de micro-plastique dans nos organes, on en a même retrouvé dans le placenta humain." 

Selon l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économique, l'utilisation de plastique pourrait être multipliée par 3 en 2060 par rapport à 2019, cela représente plus de 700 millions de tonnes de plastique par an dans le monde. 

La menace est donc multiple : macrodéchets (bouteilles, emballages…), microplastiques invisibles issus de la dégradation ou de l’industrie, granulés industriels qui finissent directement dans l’environnement. A cette urgence sanitaire et écologique s’ajoute une dimension climatique explique la chargée de plaidoyer de l'ONG, "la production de plastique c’est 5% des émissions de gaz à effet de serre et elle est attendue pour augmenter dans les décennies suivantes si nous ne mettons pas un terme."

Ce que contient le projet de traité

Un texte de travail existe déjà, comprenant plusieurs articles clés : réduction de la production mondiale de plastique avec un objectif chiffré, liste de produits problématiques à éliminer. "Ce qu’on regardera précisément, c’est les filtres de cigarettes en plastique […]." précise d'ailleurs Lisa Pastor. A cela s'ajoute la régulation des substances chimiques additives, encore largement non encadrées malgré leur toxicité.

Enfin, un mécanisme financier d’accompagnement est envisagé pour assurer une transition équitable, notamment pour les pays du Sud.
Le principal point de tension reste la réduction de la production. Certains États, en particulier les pays pétroliers, s’y opposent fermement : "Le plastique est produit à partir de pétrole, 99 % des plastiques sont produits à partir des énergies fossiles […]. Ces États-là voient dans la production de plastique un peu leur plan B […]. " rappelle l'invité de la matinale. 

Le consensus, qui exige l’accord de tous, pourrait s’avérer contre-productif. L'ONG Surfrider Europe appelle à revoir les règles de décision pour pouvoir voter à la majorité qualifiée : "Ce qu'on pousse, c’est […] que les pays puissent voter en faveur d’un texte ambitieux […] et qu’on puisse avoir un maximum d’États qui s’engagent à adopter et à ratifier ce traité.[...] On ne veut pas un traité pour avoir un traité sur le papier […]. Ce qu’il faut, c’est vraiment rompre avec tout notre historique sur la pollution. »

Surfrider sera donc bien présente sur place pour suivre les négociations ou encore essayer de faire pression sur les décideurs. Négociations qui se tiendront jusqu'au 14 août. 

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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