L'œcuménisme, un thème particulièrement cher à François ? Après la mort du pape argentin lundi 21 avril, les hommages dépassent le monde catholique, et proviennent notamment des protestants réformés et des églises évangéliques. Beaucoup de croyants et responsables chrétiens, dans leur diversité, étaient attachés à la figure de Jorge Mario Bergoglio.
François était-il le pape de l'unité des chrétiens ? Au-delà de sa mission de chef de l'Église catholique, plusieurs gestes significatifs du pontificat de Bergoglio ont touché les protestants, notamment sa présence en Suède lors de la célébration inaugurant la commémoration des 500 ans de la Réforme luthérienne.
"Il avait déjà des contacts avec des protestants quand il était archevêque de Buenos Aires, pointe Anne Schweitzer, protestante évangélique. Un pasteur presbytérien avait été le premier protestant nommé responsable de l'Osservatore Romano à Buenos Aires. Il était très ami avec le directeur d'une mission évangélique qui s'appelle Jeunesse en Mission (YWAM) en Argentine".
Cette membre de l'église baptiste à Lyon et du pôle lyonnais de la Fédération protestante de France reste touchée par l'ouverture de François à la diversité ecclésiale, aux églises issues de la réforme : "J'avais été très touchée il y a des années par le texte du pape sur la joie de l'évangile [Evangelii gaudium ("la joie de l'Évangile"), publiée en 2013]".
"Cela rejoint un souci des protestants, notamment évangéliques, de pouvoir annoncer à tous, poursuit Anne Schweitzer. Il y avait une phrase que j'avais beaucoup aimée, où il dit qu'il encourage les pasteurs à prendre 'l'odeur des brebis'. Ce matin, en lisant un article dans Christianity Today, un des gros journaux américains protestants évangéliques, j'ai appris qu'en fait ça lui venait de cet homme de Jeunesse en Mission ».
En 2014, le pape alors élu depuis un peu plus d'un an se rend à Caserte, près de Naples, "dans une église pentecôtiste où il a rencontré 350 évangéliques". Face à cette assemblée chrétienne, rappelant le contexte de persécutions des pentecôtistes par des catholiques dans les années 1930 sous le fascisme italien, "il avait pu demander pardon", rappelle la responsable religieuse, émue et touchée.
Il avait cette notion de l'inclusion
"Ce qui est étonnant, c'est qu'il s'agit peut-être du premier pape qui soit aussi 'protestant évangélico-compatible', et en même temps très aimé. En fait, j'avais parfois l'impression qu'il était vraiment très aimé dans le monde protestant. Depuis hier, je regarde les hommages : le président de la Fédération protestante de France (Christian Krieger), des évangéliques de tout poil, ou encore la fille de Martin Luther King, qui l'a rencontré deux fois et qui racontait qu'il est le premier pape à avoir cité son papa à plusieurs reprises."
En 2019 encore, à l'occasion du 50e anniversaire du renouveau charismatique dans l'église catholique, des protestants et des évangéliques avaient été invités. "Vraiment, il avait cette notion de l'inclusion".
"Il n'a pas touché fondamentalement par des textes, mais plutôt par un 'style d'être', un style de pastorale, un style chrétien, une façon de se manifester au monde, se souvient Benjamin Pouzin, membre du groupe de musique chrétienne Glorious, sur la volonté d'accueil du pape François. Je me souviens l'avoir entendu crier 'Todos, todos, todos !' trois fois à la foule. Qu'est-ce qu'il voulait dire ? 'Tout le monde est accueilli, tout le monde est accueilli, tout le monde est accueilli'. Il le faisait répéter."
La première nécessité était d'ouvrir grand les portes au Christ
Le chanteur de pop-louange, qui a lui aussi rencontré le pape argentin aux côtés de son frère Thomas, insiste sur ce principe dans l'Église : des portes grandes ouvertes grâce à François. "Après, les choses de la vie, les difficultés... Tout ça était peut-être secondaire pour le pape. La première nécessité était d'ouvrir grand les portes au Christ".
L'unité des chrétiens en action se traduisait aussi chez François par sa forte relation avec le patriarche Bartholomée Ier, qui a notamment participé à inspirer au pape jésuite l'encyclique Laudato si'. Orthodoxes, protestants réformés, évangéliques : à l'annonce de sa disparition, c'est tout un monde chrétien qui s'émeut.
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