Tiktok, quels dangers pour nos enfants ?
En ce mois de juin 2025, l’Assemblée nationale s'intéresse à la plateforme Tiktok et plus particulièrement au rapport entretenu par les mineurs avec le réseau social ainsi qu’aux autres plateformes. Dans le cadre de la commission d’enquête qui se déroule à l’assemblée nationale tout au long du mois de juin, les auditions se multiplient entre parents, jeunes utilisateurs, experts psychologues et créateurs de contenus.
Tiktok © DRPlus de 1000 parents et le même nombre de mineurs adeptes des réseaux sociaux ont été entendus ces dernières semaines à l’Assemblée nationale dans le cadre de la commission d’enquête sur le rapport des mineurs à la plateforme TikTok. Alors que 72% des utilisateurs en France ont moins de 24 ans, les députés ont décidé de s'intéresser au phénomène qui concerne majoritairement les jeunes.
Un constat nuancé
Experte de l'observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN), Angélique Gozlan est docteur en psychopathologie. Elle était auditionnée par l’Assemblée nationale le mardi 10 juin 2025 pour dresser un bilan de l’impact de Tiktok et des autres plateformes de réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes. Son constat est le suivant, Tiktok n’est pas l’origine absolue des problèmes psychologiques. “La dépression existait avant les réseaux sociaux” rappelle la spécialiste en citant une jeune fille interviewée pour l’occasion. Pour elle, le problème est bien plus profond. Elle constate une crise de la cellule familiale qui ne parvient pas “à faire famille”. Les jeunes interrogés affirment qu’une interdiction de la plateforme les inciteraient simplement à la contourner. Ils déclarent en revanche qu’ils éprouvent une réelle difficulté à créer des communautés physiques, de la même façon qu’il existe des communautés virtuelles sur les réseaux sociaux. “Nous avons besoin d’avoir accès à des communautés pour sortir des réseaux”. Ces jeunes affirment que la difficulté de socialisation qu’ils éprouvent est presque intégralement comblée par les réseaux sociaux. Vie familiale, amicale, scolaire, professionnelle ou sentimentale, aujourd’hui toutes les facettes de la vie des jeunes passent par les plateformes de réseaux sociaux. Ils expriment leur volonté de quitter le schéma virtuel pour se sentir entourer dans le réel, selon Angélique Gozlan.
Des plateformes créatrices de complexes
Angélique Gozlan parle d’une anxiété modérée ressentie par les utilisateurs face à des images montrant des modèles physiques inaccessibles car utilisant des filtres. Ces modèles créent des complexes chez les adolescents qui “trouvent toujours plus beau que soit”. Les complexes physiques sont aussi le fruit selon elle des contenus pornographiques qui circulent parfois sur ces réseaux. La mode des défis Tiktok est aussi ciblée par l’experte. Elle parle d’un danger pour les jeunes qui sont amenés à réaliser des missions parfois dangereuses pour faire le buzz. Au-delà du contenu en lui-même, la surexposition aux réseaux sociaux et aux écrans de manière générale est souvent synonyme de troubles du sommeil. Une enquête américaine menée sur plus de 2000 personnes prouve que l’utilisation de Tiktok avant de dormir retarde l’endormissement d’environ 40 minutes. Les jeunes considèrent en revanche que si Tiktok ne crée pas de souffrance psychique, la plateforme aggrave les difficultés psychologiques préexistantes en proposant du contenu ciblé sur la psychologie et la tristesse qui peut parfois rappeler à la personne son état psychologique dépressif. Un des témoignages recueillis explique que ces vidéos “nous mettent dans des bad mood” et accentuent ce sentiment en proposant un genre de vidéos à répétition. La commission examine jusqu’à la fin du mois de juin d’autres témoignages de professionnels des réseaux sociaux sur l’impact des réseaux sociaux sur les jeunes. Un travail qui a pour objectif de mener une réflexion sur les solutions à mettre en œuvre pour pallier les besoins créés par ces plateformes.




