Théo Kwiek est en classe de 3ème au collège Solignac du Neuhof à Strasbourg. Jeudi dernier, il s’est rendu à Paris pour disputer la demi-finale du concours d’éloquence OGMA, organisé par l’association strasbourgeoise D-Clic, où il a terminé troisième. L’ occasion pour lui de porter haut et fier les couleurs de son collègue mais aussi de son quartier Le Polygone.
RCF Alsace : Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans l’éloquence ?
Théo Kwiek : Ce n’était pas prévu que je fasse ce concours. A la rentrée de décembre, en première heure, ma prof d’allemand m’a dit : “Félicitations Théo, tu vas
porter les couleurs du collège Solignac et tu vas participer au concours d’éloquence ! ” Tous les ans depuis 7 années, il y a ce concours d’éloquence. Il fallait prendre trois élèves et comme je parle beaucoup elle m’a dit : “Théo est-ce que tu te portrais volontaire pour le concours?”. Je lui ai répondu: “Pas de soucis ! ”
RCF Alsace : Comment s’est passée la demi-finale à Paris ?
T.K. : J’ai pris le train à 7h40 en direction de Paris et on est arrivés dans les studios de France Télévision. Le matin on a pris un petit déjeuner avec les personnes qui nous encadraient et après on a visité les studios. Et l'après-midi de 14h à 18h les 17
élèves sont passés, dont moi le premier.
RCF Alsace : « Le travail rend heureux », c’est ce que tu devais défendre la
semaine dernière lors de la 7e édition du concours d’éloquence Ogma. Trouver des arguments dans ce sens a-t-il été difficile ?
T.W : Si les arguments me sont venus naturellement, les exemples étaient durs à trouver. Un assistant pédagogique du collège m’y a aidé pour le premier et le deuxième tour.
RCF Alsace : Comme ce sujet résonne en toi ?
T.W : Si on n'aime pas le travail que l'on fait, on sera forcément pas heureux. Il faut aussi prendre en compte la passion et la liberté économique. Car si l'on doit se priver à chaque fois qu’on travaille, cela ne nous rend pas forcément heureux. Tisser du lien social par ailleurs est important aussi car si on n’est pas heureux dans le domaine du travail, il faudrait que "ça passe" ailleurs.
RCF Alsace: Sais-tu ce que tu veux faire comme métier plus tard ?
T.W: Avant je n'avais pas trop de métier en tête, je pensais plutôt m’orienter dans un métier du bâtiment, comme peintre en bâtiment. Mais justement grâce à ce concours d’éloquence, j’aimerais maintenant faire agent immobilier. Discuter avec les gens, être en relation avec les clients, entrer dans les négociations et surtout acheter et revendre des appartements… ça me plaît bien.
Il faut donner sa chance à tout le monde.
RCF Alsace : C’est important pour toi de faire passer des messages à travers les mots ?
T.W: Oui. Je suis gitan et je ne crois pas que des gens de ma communauté ont déjà fait des concours d’éloquence. Il faut donner sa chance à tout le monde. Par exemple, au premier tour il y avait la question “Peut-on dépasser le déterminisme social ? ”, qui me concernait beaucoup. Et ma première phrase était : “vous pensez sans doute que je viens d’un collège REP+, que je viens d’un quartier sensible du Polygone et que vu que je suis issue d’une famille gitane je viendrais mal habillé ou que je bégayerais… Mais moi je vais vous prouver le contraire.” Et après j’ai direct "attaqué". Je pense que c’est ce qui m’a permis de passer le premier tour.
Théo Kwiek aura l’honneur de diriger la finale qui se déroulera le 30 mai au théâtre
de Hautepierre à Strasbourg.
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