TGV médicalisé, avion-hôpital: d'importants moyens pour transférer les malades du Covid-19
Des transferts de patients à cette échelle, c'est totalement inédit dans notre histoire en temps de paix : sur les 6.000 patients atteints du Covid-19 actuellement en réanimation, près de 300 ont été évacués en une quinzaine de jours. Objectif : alléger la pression sur les services hospitaliers du Grand Est et d'Île-de-France, qui voient leur capacités d'accueil saturées. âUne solidarité entre régions de France, et qui se déroule aussi à l’échelle européenne : le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse et l'Autriche accueillent et prévoient d'accueillir des patiens français.
TGV médicalisés : plus de 50 soignants pour 36 malades
La première évacuation de malades par TGV médicalisé a eu lieu jeudi dernier, du Grand Est vers la région Pays de la Loire. Les patients sont placés sur des brancards dans les salles basses des TGV Duplex. Ce moyen de transport reste toutefois "compliqué", a souligné Jérôme Salomon.
Ce type d'évacuation mobilise "une équipe complète de réanimation" : ainsi à bord des TGV partis hier, une cinquantaine de professionnels de santé étaient présents pour 36 malades - sans compter les agents SNCF ou le personnel de la Croix-Rouge déployé dans les gares. Ces patients, qui sont dans un état grave, nécessitent des soins complexes ; leur nombre est "amené à progresser dans les jours et les semaines qui viennent", a prévenu le directeur général de la Santé.
L'a330, transformé en "hôpital volant"
Les premières missions d’évacuation ont été confiées à l’Armée de l’air. Des malades ont été évacués à bord de l'Airbus A330 Morphée [pour Module de réanimation pour patient à haute élongation d'évacuation], "transformé en hôpital volant", explique le journaliste spécialiste des questions de Défense, Jean-Marc Tanguy. "L'avantage de la configuration Morphée, un concept qui existe depuis une grosse quinzaine d'années, c'est qu'avec des kits on peut transformer un avion banal en avion-hôpital capable d'accueillir six patients lourdement atteints, qui sont à la fois ventilés et intubés."
Dans le cadre de l’opération "Résilience", les moyens de l'armée de terre sont utilisés pour transférer des patients en France, vers l’Allemagne ou la Suisse. Des hélicoptères de transports NH 90 Caïman effectuent jusqu’à trois rotations par jour en moyenne avec deux à trois patients à chaque fois. Dans l'appareil, ce sont des médecins du Samu qui assurent les soins, et non des médecins militaires. Il y a aussi des transferts par voie terrestre par ambulance ou bus médicalisé.
Des transferts se font aussi par voie maritime puisque le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre de la Marine nationale, a transporté une dizaine de patients entre la Corse et Marseille pour soulager le service de réanimation de l’hôpital d’Ajaccio.
Fonctionnement : les régions d'accueil se tiennent prêtes
La décision de ces transferts est prise au niveau national : un appel est lancé aux Autorités régionales de santé (ARS) pour répondre à cette demande. La procédure de transfert est opérée par le Centre de crise sanitaire de la Direction générale de la santé (DGS). Elle doit aussi être validée par les hôpitaux de départ et d'arrivée, ainsi que par les ARS concernées.
Sur place, l'accueil des malades a été anticipé. "Nous avons fait un effort considérable d'augmentation de l'offre de soin, explique le Pr Alain Mercat, il y a 15 jours, il y avait dans les Pays de la Loire 200 lits de réanimation adulte, aujourd'hui il y a plus de 500 lits disponibles." En Charente, l'un des départements les moins touchés par l'épidémie, le Centre hospitalier d'Angoulême a ainsi pris en charge deux patients sur les 48 transférés le week-end dernier du Grand Est vers la Nouvelle-Aquitaine. Hervé Léon, directeur du centre hospitalier d'Angoulême, précise : "Il faut à la fois accepter de recevoir des patients venant d'autres régions parce que c'est notre devoir d'aider les patients en difficulté mais aussi conserver suffisamment de capacité pour accueillir les patients de sa propre région."
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