En 2019, la Fondation Tara Océan lançait la mission Microplastiques. Une étude inédite de 18 mois, le long des côtes européennes, pour décrire et comprendre le flux de déchets et leurs origines. Les résultats présentés dans la revue Environmental Science and Pollution Research (ESPR) sont sans appel. Tous les fleuves européens sont pollués par les microplastiques.
“Nous n’attendions pas des pollutions aussi importantes.“ Jean-François Ghiglione, directeur scientifique de la mission Tara Microplastiques et directeur de recherche au CNRS tire rapidement la sonnette d’alarme. A l’occasion de la publication d’un numéro spécial de Environmental Science And Pollution Research (réunissant 14 articles scientifiques), la Fondation Tara Océan a présenté à la presse le bilan de sa mission Microplastiques. Une étude inédite de 18 mois, menée le long des côtes européennes. Son objectif : décrire et comprendre le flux des déchets et leurs origines.
Après analyse des résultats, la Fondation liste plusieurs découvertes. La première : tous les fleuves européens sont pollués aux microplastiques et la concentration de petits éléments est particulièrement forte. Un nombre et une masse jusqu’à 1000 fois plus importante par rapport aux grands microplastiques. “C’est une nouvelle étape dans l’observation de la pollution plastique. On sous-estimait la quantité et la masse de ces petits microplastiques jusque là invisibles “, commente Jean-François Ghiglione.
Autre point d’inquiétude : les microplastiques sont des radeaux pour les micro-organismes, dont certains pathogènes. Pendant la mission Tara Microplastiques, la présence d’une bactérie pathogène virulente pour l’humain (Shewanella putrefaciens) a été détectée. Cette bactérie est responsable de bactériémies, d'otites, d’infections des tissus mous ou de péritonites.
Les microplastiques sont donc des radeaux mais également “des éponges à polluants”. Les analyses révèlent qu’ils s’associent, notamment, aux métaux lourds, aux hydrocarbures et aux pesticides. Quant à leurs origines, le quart des grands microplastiques récoltés sur les berges des rivières et fleuves français ne sont pas des déchets, mais des plastiques primaires qui sont à la base de la fabrication des produits plastiques commercialisés par l’industrie de la plasturgie.
A la lumière de ces résultats, la Fondation Tara Océan tire donc la sonnette d’alarme. Cette pollution invisible représente une menace réelle sur la santé des écosystèmes terrestres et marins, comme sur la santé humaine. D’où l’urgence pour la fondation d'approfondir notre compréhension de pollution plastique et de continuer à mener des évaluations des risques écologiques à travers les frontières des écosystèmes. Pour Jean-François Ghiglione : "l'enjeu est d’aller vers une réduction de la production de plastique."
Plus on augmente la production, plus on augmente la pollution.
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