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Street Art Fest 2025 : la “résilience” de l’art urbain à Grenoble face aux baisses de subventions

Street Art Fest 2025 : la “résilience” de l’art urbain à Grenoble face aux baisses de subventions

Un article rédigé par Jade Petris - le 27 mai 2025 - Modifié le 27 mai 2025
Focus sur l'actualité en IsèreUne 11e édition du Street Art Fest "résiliente" face aux baisses de subventions

Du 27 mai au 29 juin, le Street Art Fest Grenoble-Alpes revient pour une 11e édition malgré une baisse massive des subventions publiques. Le festival s’adapte, réduit les coûts, mais maintient sa vocation : démocratiser l’art urbain à travers toute la métropole grenobloise. Entre fresques colossales, bénévoles engagés et soutien citoyen, l’événement poursuit son évolution dans un contexte tendu pour la culture.

photo Jérôme Catzphoto Jérôme Catz

Pour sa 11e édition, le Street Art Fest Grenoble-Alpes se présente sous un format réduit, mais toujours ambitieux. « On s’est concentré sur le strict minimum », reconnaît Jérôme Catz, directeur du festival et du centre d’art Spacejunk, après avoir fait face à une coupe drastique de 65 000 € de subventions publiques.

 

La culture locale à l’épreuve des coupes budgétaires

La baisse de financement a eu des conséquences lourdes. Le festival a perdu la totalité de l’aide de la Métropole, autrefois de 50 000 €, et celles de la Ville de Grenoble sont passées de 40 000 € à 25 000 €. Ce sont les aides de la ville accordées au centre d’art Spacejunk qui ont été supprimées. L’association a donc dû licencier tous ses salariés. Jérôme Catz pointe l’ironie d’un soutien officiellement maintenu pour le festival, mais retenu à l’égard des ressources allouées :

Quand vous coupez la tête de l'association, vous ne pouvez pas dire que vous continuez à maintenir le festival.

Certaines animations emblématiques ont été supprimées : les ateliers avec les enfants, les visites guidées quotidiennes, ou encore les événements musicaux. « Tout ce qui n'était pas essentiel à un événement street art a été arrêté », explique Jérôme. Malgré cela, le festival propose une quinzaine de fresques dans huit villes de l’agglomération, ainsi que des conférences, une exposition collective et une course artistique.

 

Un public fidèle et solidaire

Face à l’urgence, l’équipe du festival a lancé en décembre dernier une cagnotte en ligne qui a dépassé toutes les attentes : plus de 40 000 € collectés, notamment grâce à de nombreux petits dons… et un coup de pouce anonyme inattendu. « Une personne nous a envoyé 20 000 € sans nous connaître. On ne savait même pas qui elle était », raconte Jérôme Catz, touché par cette générosité collective. Cette solidarité populaire témoigne bien du lien fort entre le public et le Street Art Fest.

La démonstration n’est plus à faire. On a apporté quelque chose qui fait rayonner Grenoble

Aujourd’hui, plus de 450 fresques ornent la métropole, nées pour beaucoup de demandes spontanées de copropriétés désireuses de participer à ce mouvement artistique.

Privé de salariés, le festival repose plus que jamais sur son réseau de bénévoles. Ils seront environ 70 en 2025, contre 120 à 150 en année pleine. Leurs missions : accueillir les artistes, guider les visiteurs, ou encore accompagner les œuvres dans l’espace public. 

 

Ancré localement, reconnu mondialement

Une réduction de moyens ne signifie pas baisse de qualité. Des fresques monumentales sont attendues, notamment sur le site grenoblois de l’entreprise ARaymond ou au Crous de Saint-Martin-d’Hères. L’une d’entre elles en particulier semble promettre un retentissement international : « Une première mondiale » dont Jérôme ménage le mystère...

En une décennie, le Street Art Fest est devenu le plus grand festival de street art d’Europe. « On est ancrés dans le paysage mondial du street art, tout en gardant une dimension locale », souligne M. Catz. Son travail depuis 2003 avec le centre d’art Spacejunk illustre cette vision d’un art accessible à tous : « Ce n’est pas conceptuel. À 4 ans comme à 90, on comprend ce qu’on voit ».

Avec une programmation volontairement éclectique, allant du figuratif à l’abstrait, du minimaliste au gigantesque, le festival revendique une ambition populaire. « La culture, c’est comme l’amour ou l’intelligence : plus on la partage, plus il y en a », résume joliment le directeur.

 

Un festival qui résiste et se projette

Malgré les obstacles, Jérôme Catz reste résolument optimiste : « Tous nos partenaires privés historiques nous ont dit : nous, on est là. Même si la mairie ou la métropole arrêtent de te suivre, tu peux compter sur nous ». Le thème de l’édition 2025, “Résilience”, résume parfaitement cet état d’esprit.

Concernant la prochaine édition, les élections municipales de 2026 pourraient changer la donne. Mais pour le directeur du festival, une chose est sûre : le Street Art Fest a lancé une dynamique que rien ne pourra enrayer. « Faire 35 à 40 œuvres par an pendant 10 ans, c’est un pas de charge. Mais aujourd’hui, tout le monde est prêt à continuer à faire vivre ça. »

Focus Isère
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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