Strasbourg inaugure la toute première maison de la santé mentale en France
Un Français sur quatre est confronté à un trouble mental au cours de sa vie. Pour en parler sans tabou, la première maison de la santé mentale en France vient d’être inaugurée dans la capitale alsacienne.
RCF AlsaceGrande cause nationale de 2025, la santé mentale est un sujet jugé encore tabou. Selon une étude de 2024, 60% des Français estiment qu’il est préférable de ne pas révéler d’être atteint d’un problème de santé mentale afin d’éviter la marginalisation. Pourtant, une personne sur quatre est confrontée à un trouble psychique au cours de sa vie d’après l’Assurance maladie, d’où la nécessité d’en parler sans peur. C'est tout l’objet de la maison de la santé mentale inaugurée le 3 juillet 2025 à Strasbourg,
Une initiative née d'une mère et d’une fille bipolaires
Tout commence il y a 10 ans, lorsque la franco-britannique Millie Caroline Reading, atteinte de bipolarité, lance sa chaîne Youtube Les petites vidéos de Millie. Elle y parle de troubles psychiatriques, les siens et ceux des autres, sans complexe. Avec sa mère Marie-Agnès, vivant avec la même maladie, elle ouvre en 2018 “Bipolaire On Air”, une page Facebook d’information et de témoignage qui attire des milliers d’abonnés. Débordées par le nombre de messages, elles la fermeront en 2024.
Voulant aller plus loin, c’est en 2019 que vient l'idée de créer une association. “Il n'y avait aucune association qui parlait de santé mentale en terme non médical, explique-t-elle. J’ai donc eu envie de la créer. A partir de là, on a essayé de trouver des personnes qui pouvaient nous aider et ça a commencé comme ça.” Plusieurs associations adhèrent alors à leur projet, d’autant plus que ces dernières n’ont pas les moyens d’avoir leur propre bureau et travaillent de manière autonome tout en aspirant à plus de collaboration.
Strasbourg, berceau idéal de collaboration
En septembre 2021, l’association “la Maison de la santé mentale” est officiellement créée et reçoit une première subvention de la Maison de la Philanthropie à Bruxelles. Il ne restait plus qu’à trouver un lieu physique qui permette de recevoir du public pour échanger librement autour de la santé mentale, partager ses expériences, et déstigmatiser les personnes atteintes d’un trouble psychique quel qu’il soit. Grâce à leur détermination, elles reçoivent en 2022 le soutien financier de l’Agence Régionale de Santé, de la ville de Strasbourg et de l’Eurométropole qui leur permettent de commencer les travaux dans l’ancien local d’un escape game dans le quartier de la gare.
La capitale alsacienne n’a pas été choisie au hasard. Millie Caroline et Marie-Agnès Reading y vivent depuis plusieurs années. “Nous voulions être au centre-ville pour que la maison soit accessible à tout le monde et pas uniquement aux personnes ayant un souci psychiatrique. Nous voulions quelque chose qui se voit et qui nous donne envie d’entrer quand on passe devant ” raconte Millie Caroline Reading. “Nous voulions un lieu assez grand pour accueillir et de grandes vitrines pour exposer des affiches” ajoute Martine Anstett, l’actuelle présidente de la structure.

Inaugurés début juillet, les locaux se situent 4 rue des Bonnes gens, près du centre commercial des Halles dans le quartier de la gare, un lieu de passage. “Un autre avantage est que la zone est bien desservie en transports, notamment avec le tram, le bus, ainsi que la gare routière et ferroviaire. Cela permet aux habitants de l'Eurométropole de venir nous voir plus facilement. ”
Comment fonctionne ce dispositif ?
Ce lieu ne propose pas de soins, mais peut orienter les personnes à la recherche de solutions médicales vers les bons centres. La Maison se considère comme “complémentaire” aux institutions psychiatriques comme l’explique sa présidente : “Nous allons travailler avec les professionnels de la psychiatrie pour informer et discuter avec les citoyens. Nous travaillons en complémentarité.”
Une quinzaine d’associations alsaciennes sont donc attendues pour accompagner les personnes vivant avec un trouble psychique et leurs proches, telles que “Jeff”, “Unafam” ou encore “Au bon entendeur”. Martine Anstett envisage également des ateliers : “Nous allons proposer du théâtre forum. Nous allons également créer un petit laboratoire pour tourner des vidéos, faire de la radio. L’objectif est de communiquer sur le sujet autrement.”
Et dans le reste de la France ?
Dans ce même esprit, la Maison Perchée accompagne à Paris depuis 2020 de jeunes adultes de 25-35 ans vivant avec un trouble psychique et leurs proches. Une limite d’âge à laquelle ne se cantonne pas La maison de la santé mentale de l’Eurométropole. Pour le moment, il reste quelques derniers travaux, notamment l’ameublement des espaces pour accueillir les associations, avant d’ouvrir ses portes en octobre au public, avant de “pourquoi pas s’étendre ailleurs en France” rêve Marie-Agnès Reading.



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