Stéphane de Freitas: "quand on parle à voix haute, on se révèle aux autres"

Dialoguer pour définir un idéal commun

Stéphane de Freitas est réalisateur, entrepreneur social, à l’origine d’un documentaire appelé « A voix haute » et fondateur de l’association Eloquentia. Il milite pour la prise de parole éducative. "Après la sortie d’à voix haute, on parlait beaucoup d’éloquence et de rhétorique. À mon sens, l’éloquence est un effet, c’est quand on arrive à être aligné entre ce que l’on ressent et ce que l’on dit. On est la génération la plus métissée de l’histoire de l’humanité, et on doit co-construire la société de demain. C’est un défi important. Ma conviction, c’est qu’avant même d’être de droite ou de gauche, libéral ou socialiste, l’enjeu est d’apprendre à une génération à échanger, à dialoguer, pour se comprendre dans nos différences afin de définir un idéal commun" explique-t-il.

"L’idée qui se cache derrière la prise de parole éducative est que la tradition scolaire ne permet plus l’interaction entre les jeunes. Or l’école doit être aussi un apprentissage du savoir-être, et non pas du savoir. Cela passe par apprendre à mettre des mots sur les choses, à exprimer nos ressentis. Quand on parle à voix haute, on se révèle aux autres. On est obligé de le faire. Il faut se confronter aux opinions des autres, avec respect et bienveillance. Avec les réseaux sociaux, il faut punchliner, frapper les esprits, et il y a finalement peu d’agora où l’on peut parler avec respect et bienveillance" ajoute Stéphane de Freitas.
 

Décomplexer les jeunes sur leur façon de parler

Un point positif pour le fondateur d’Eloquentia : la maîtrise de la langue, du bien parler, intéresse les jeunes. Facile, à l'heure des réseaux sociaux, où les jeunes veulent avoir voix au chapitre. "Eloquentia est née en banlieue. Souvent, il y a beaucoup de jeunes qui sont complexés par leur façon de parler à l’oral. Ce qu’on demande aux élèves, ce n’est pas de se clasher. L’enjeu n’est pas uniquement de former à parler, mais d’apprendre à s’écouter. C’est le mariage des deux qui permet de bien anticiper la réfutation pour être le plus pertinent possible" lance-t-il.

"L’enseignement de la prise de parole a disparu à l’école depuis la fin du XIXème siècle. Notre pédagogie est un voyage à travers cinq matières : la rhétorique, l’expression scénique, le slam et la poésie pour développer la créativité, la respiration et l’aspiration personnelle et professionnelle. C’est un parcours de développement personnel via l’apprentissage de la prise de parole" conclut Stéphane de Freitas.