Stellantis : figure de proue de la crise automobile en France et en Europe
Le groupe automobile Stellantis suspend à partir de ce 27 octobre et pour tout une semaine sa production dans son usine de Mulhouse. La mesure prise suite à une baisse des ventes en Europe impacte 2 000 salariés et pourrait se répéter à l'avenir.
Stellantis / AndrzejRésultats : sur les 4700 salariés du site de construction automobile, 2000 sont en chômage partiel et congé imposé. Les arrêts de production temporaires comme celui-ci se multiplient depuis quelques années. Le site Stellantis de Poissy, dans les Yvelines, est également à l'arrêt pour les mêmes raisons, ainsi que plusieurs autres usines européennes du groupe ces dernières semaines.
La hausse des prix comme premier facteur de la crise
Le groupe justifie sa décision en pointant du doigt la baisse de la demande sur le marché européen. "Le serpent qui se mord la queue en réalité", d'après Bernard Jullien.
Cet ancien président du groupe d’études et de recherche permanent sur l'industrie et les salariés de l’automobile (GERPISA) souligne que "les constructeurs ont généré une baisse de la demande en augmentant leurs prix, et Stellantis plus que les autres. Les prix des véhicules ont augmenté de 20% entre 2020 et 2024. Les volumes de demandes ont donc baissé considérablement." Et de conclure : "Si l'on veut que les volumes reviennent, il faut baisser les prix."
Une surproduction inadaptée au marché
Outre des décisions récentes, le groupe multinational italo-franco-américain, de droit néerlandais, est handicapé depuis plusieurs années par "un appareil industriel surdimensionné" comme le qualifie l'économiste industriel, en référence avec la perte des marchés des marques Opel et Public Fiat. "La question des sur-capacités est pendantes chez Stellantis depuis de nombreuses années."
Des fermetures à répétition sont à prévoir à l'avenir
La direction de Stellantis a promis que le site de Mulhouse allait bientôt produire une nouvelle série de voitures. Pourtant, selon les syndicats, aucune attribution de nouveaux véhicules n’a été encore officialisé sur le site, ce qui n’est pas de nature à rassurer les salariés.
L'avenir du secteur pourrait ainsi se jouer sur les deux prochaines années, avec de nouvelles fermetures temporaires à venir. "Stellantis ayant perdu des part de marchés, pourrait être plus concerné que d'autres, prévoit Bernard Jullien qui voit ces arrêts provisoires comme "un coup de semonce par rapport à un avenir qui, pour l'instant, n'est guère rose."


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